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Mais il  est aisé de voir  et  de juger  qu'un  seul  missionnaire  ne  peut
                       pas fournir les secours spirituels à deux cent trente cinq familles qui restent
                       encore  en  Acadie  sous le  gouvernement  anglois,  et  qui  sans  compter  les
                       sauvages composent  au moins  quinze  cents  habitans;  qu'independamment
                       de quinze cents habitants  françois  qui  se trouvent  encore  aujourd'huy  en
                       Acadie,  les  sauvages dont  il est  parlé cy  contre  et qui  professent  mmme
                       eux la religion catholique, apostolique  et  romaine  sont au nombre de plus
                       de trois mille.
                          D'où  il  est aisé  de conclure, comme  on l'a  observé  cy  contre, qu'un
                       seul missionnaire  ne  pent  procurer  les  secours  spirituels à plus  de quatre
                       mille  cinq  cent:  personnes  et  d'autant  moins  que  les  postes  qu'occupent
                       les  sauvages sont  très  éloignés  de ceux des  Acadiens  français, au  nùlieu
                       desquels  le  seul missionnaire  qu'ils  ont  fait  sa  residence  habit,uelle.
                           II s'agiroit  donc de supplier la cour  d'.singleterre  de permettre  qu'en
                      conformité et en  exjecutim  du traité  de pacification  et de  neutralité  qu'ils
                      ont signés, et auquel aucun d'eux n'a  jusqu'à  présent dérogé. . . elle voulût
                       bien permettre qu'on  leur  fit repasser  de France, le niéme niissionnaire  qui
                       leur  a été enlevé,  hlonsieur  Manacli,  surtout  dès  qu'il  n'a  été  atteint  ny
                       convaincu d'aucuns  fai.ts qui  ont  pu  luy  mériter  le  sort  qu'on  luy  a  fait
                       ,subir et suriout dans le temps et les circonstances  où il  venoit  de  recevoir
                       du gouvernement  les marques les moins equivoques de contentement  et de
                      satisfaction.
                           Si cependant  la  cour  et le  gouvernement  d'Angleterre  trouvait  de  la
                       difficulté ou meme une simple répugnance a ce qu'on  fit repasser  ce meme
                      missionnaire en Acadie, on espère du moins qu'en  exécution des differentes
                      capitulations dans lesquellej ces habitans ont été  compris il sera permis de
                       leur envoier ,un antre et  nouveau missionnaire à  qui il sera  instamment re-
                       commandé  de  se conformer  aux engagemens  respectifs  des  deux  couron-
                       nes  en  se  renfermant  dans  les  simples   fonction,^  de  son  ministere,  saris
                      contrevenir en rien aux règles de regime et de police du gouvernement sous
                      lequel il  se trouvera.
                          L'abbé  de l'Isle  Dieu  ne pent se résoudre  à finir et à teminer ce  me-
                      moire  sans  prendre  encore  la  liberté de demander luy mêine  u,ne nouvelle
                      grâce à la cour d'Angleterre,  surtout d'aprés la  permission  qui lui a été ac-
                      cordée d'ecrire aux suprieurs des ecclesiastiques et aux supeneurs deç com-
                      munautés religieuses qui sont restés en Canada  depuis  les  capitulations  de
                       Québec, de Montreal  et des Trois Rivières. . .
                          Et cette nouvelle grâce ce seroit qu'il  luy fut egalement permis d'écrire
                      à Monsieur Le Loutre, à l'Isle  et au  Chateau de Jersey.. . du moins  pour
                      Juy rendre compte de l'état dé sa famille et des petits intérets temporels qu'il
                      peut avoir en France, sous la condition toutefois qu'il  faire passer 3es l'ettres
                      par  Londres  et  qu'elles  seront  soumises  à  l'examen  et  au  jugement  qu'il
                      plaira a la cour et au gouvernement d'Angleterre  d'en  porter,  soit pour les
                       supprimer ou les laisser passer à leur destination.
                          Que monsieur de Stanley a cru pouvoir se charger en pariant de France
                       des deux lettres dont il est parlé cy  contre la première  pour  Monsieur Le
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