Page 61 - La Société canadienne d'histoire de l'Église catholique - Rapport 1961
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constituer le bastion de notre foi et aussi de notre survivance ethnique.
On essaya d'adjoindre au couvent une petite école pour les enfants
sauvnges; cinq ou six y entrèrent et en sortirent aussi vite . . . Mais
les missions s'organisérent : à Tadoussac, aux Trois-Rivières. chez les
Hurons et chez la Nation Nentre. Toutefois, le fruit n'F~ait pas
consolant.
Les Récollets se sentaient trop pauvres. de ressources matérielles
et d'influences. Ils appelèrent cux-même8 à la reaeousse un Ordre que
favorisait son prestige à la cour depuis Henri IV : la Compagnie de
J bus.
Champlaiu se rendit négocier eu France eette importante affaire.
Le duc de Ventadour, qui yenait d9Etre nommé vice-roi, avaii justement
pour djr ectenr spirituel un Jcsnite, lui-mEme enflammé depuis long.
temps pour leri missions du Canada. Les négociations ne devaient pas
traîner. Le duc les prit en niains, fit approuver le projet par le roi et
Riehelieu, s'offrit à faire lni-même les frais des sir premiers fils d'Ignace
et enjoignit aux direeteurs de la conipagnie de commerce de prendrc
les frais d'i:.tablissement bon gré nia1 gré. Et sur ce bateau de 1625,
Champlain avait à côté de Ini l'Hercule des missions du Nouveau.
Monde, qui allait donner vingt-quatre ans de sa vie et sa vie même à
eelte œuvre : Jean de Brébeuf. hs Jémites partagèrent d'abord les
mnvres avec les Récollets. Puis, en 1632, après les trois annFes d'occu-
pation anglaise, ils eureut senls la charge de toute l'Eglise de la eolonie.
C'était une Iorte arniatnre. Après Dieu, il faut en donner le mérite
nu Père de la Nonvelle-France.
En fin de eompte, si les arbrcs n'avaient pas encore donné beau-
eoup dc fruit quand e'éteipuit le planteur Champlain, du moins ils
avaient Cté plantEs et de grandes racines commeuçaient à s'étendre
dans le sol en même temps que quelques rameaux au-dessus de terre.
Comme je veux finir sur ln note héroïque, et d'autre part, faire
uu léger éclat en l'honneur de ma mère 1'EgIise. I'Egliee de mon pays,
je vais eiter un historieu récent dee colouies françaises, de la colonie
canadienne en particulier. 11 s'agit de Claiide de Bonnault, auteur d'une
Hi~toire du Canada Jrançais, publiée en 1950 (P.U.F.), donc pas tel-
lement loin de l'ère scientifique, ce qui sera apprécié, je l'espère, par
les historiens dits acien~jfiques. Voici commeut parle cet homme qiii
n'a pas de raisons de famille d'Etre .: apologétique r :
= Franchement y a-t-il un seul monieut des origincji canadien-
nes qui ne témoigne du plus authentiqne héroïsme ?
Le Canada est né dans une atmosphère de lEgende et d'épo-
pte; daus un climat inhuinaiu, iI a souffert; dans une ambiance
surnaturelle il a graudi. En aucun temps, dans uu pays, s'c~r-il
vu triomphe de l'esprit, victoire de l'âme siir le eorps, compa-
rables à ee qne fut la coloninarion du Canada ou Nouvelle-France ?
A-t-on eonnu ailleiirs plus sublime exaltation de foi et de charité ?
La cdonisation du Canada n'a pas Fté une colonisation eomme
les autres. ELle a kt6 l'œuvre d'une élitc. Paree qne seulc une