Page 45 - La Société canadienne d'histoire de l'Église catholique - Rapport 1961
P. 45
Le Journal des Jésuites de Quebec
Bien qu'il n'existe aueune prescription explieite sur le sujet, un
usage s'eat établi dans la Compagnie de Jésus, et dès les débuta, sui-
vant lequel tout supérieur loeal tient un diaire ou journal : entrée au
jour le jonr des événements qui iranehent sur le quotidien et qui
appartiennent à l'histoire intérieure ou extérieure de ta maison. Cet
usage découle, eroyons.nous, d'un devoir imposé par saint Ignaee à
sw enfants, dans la huitième pertie des Constitutions : devoir pour la
aupérieurs locaux de renseigner réguiièrement le Provineial sur les hom-
mes et les œuvres de leur maison, devoir pour le Provineial d'Eire en
relation épistolaire ennstante avec Rome. Par lé saint Ignace pensait
moins i exercer un eontrôle minutieux sur ses fils qu'à reseerrer les
liens de la ebaritE entre des irères, aéparés dans I'espaee, meis engagés
dans le mëme eombat. 11 voulait également stùnuler le zèle des uns
par le récit des résultats obtenus ailleurs par les autres '.
De tant de documenta parvenus à Rome, il appartiendrait au
Général de tirer des extraite, de les publier et de les eominnni uer à
toute la Compagnie. A une époque où il n'existait ni presse qnoti 1 ienne,
ni téléphone, ni télégraphe, ou les comrnunicati~ns d'un pays à l'autre
étaient lentes et dificiles, on avait recours au livre pour renseigner
les Jésuites du monde entier sur lee travaux de leurs frères. Cela nous
a valu l'importante collection des Litserœ Annm, ou Le~tres annueller,
manuscrites d'abord, mais imprimées depuis la fin du XVI" siècle 2.
Comme on le voit, dans la nsée de saint Ignace, la correspon-
danee n'était pas pure et vajne P" ormalité. Elle avait un but pratique
et un but apostolique; tout en tenant le Provincial su eonrant, elle
était eollaboration, par l'exemple, à l'œuvre de toute la Compagnie. Et
c'est pour une plus parfaite observation de cette règle qn'a étk conçu
l'aide-mémoire, qui s'appelle le Journal. Si les supérieurs des maisons
d'Europe avaient ern bon, entre denx rapports au Provincial, de confier
à un lournol les faits et les événements dignes de retenir l'attention,
on pense bien qu'il n'en fut pas autrement en Nouvelle-France. Bien
us, indépendamment des bonnes criututries de France, que le pcre Paul
fl Jeune apportait avec lui en 1632, et qu'il avait à eœur de maintenir,
le bemin d'un Journal se faisait plus impérjensement ent tir iei qu'en
Europe; car la courte navigation fluviale d'alors ne permettait au
Supérieur de Québec de s'entretenir qu'une fois l'année avcc le Provin-
cial de Paris. Quand, après les longs mois d'hiver, i'heure viendrait
1 Societatis Jesu Constitutiuner, Rome 1949, p. 243, nn. 673476.
a Les Lerires anniielle~ n'étsien~ pas deatin8cs au public. - Etrda sur les
Relation* des Jésuites. . . Montréal, 1940. 4-5.