Page 75 - Transcriptions d'actes notariés - Tome 20 - 1682-1686
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juridiction  au  Canada  que  celle  du  Vieaire  npostoliquc.   Enfin,  pour
                             afle~rnir leur iondaiion,  ils jugèrent  à prtlpos de demander à Rome l'érec-
                             tion directe  de la cure de Ville-Marie.  hl.  de Queylus partit alors pour
                             Rome.  A  sa grande  surprise,  il  s'y  heurta  à  beaueoup  de  préventions,
                             particulièrement  à  l'étrange  accusatiou  de  jansénierne.  Il  se diaeulpa,
                             obtint  à  la  fin  de  déc-embre 1660, du  pape  Alexandre  VIT,  pour  M.  de
                             Bretonvilliere,  CO-seigneu~ de Montréal,  la  faeulti d'ériger  daus cette île,
                             pour  l'avantage  dm  fidèles  du lieu,  une église  paroissiale,  dont  le  curé
                             serait  iristitué  par  le Saint-Siège  et  prhsenté  par 1s supérieurs du  Sémi-
                             naire de Saint-Sulpice de Paris.  Ainei pourvu.  et sans tenir  rompte des
                             lettres de  eachet,  M.  de Queylus  partit  pour  la  Nouvclle-France,  arriva
                             à Québec  Ic  3 août 1661 ct  se présenta  à Ma' de Laval.  Celui-ci refusa
                             d'ériger  la  paroisse de VilleaMarie,  défendit  ii  M.  de Quey lus  de  se ren-
                             dre à  Montréal,  et  pria  le gouverneur  de l'empêcher  de  quirter  la  ville.
                             M.  de  Queylus passa  outre et  s'embarqua  dans la  nuit  du  5 au  6  août.
                             Il  demeura  deux  mois  à  Ville-Marie et  repartit  pour  la  France,  le  22
                             octobre.
                                 II  y  était  eucore sept  ans  plus  tard,  supérieur pour  lors de la  com-
                             munauté  des Prêtre4 de la  paroi~e Saint-Sulpice de Paris.  M.  Souart,
                             qui  l'avait  remplacé  à  Montréal,  désirait  beaucoup  son  retour.  11  se
                              rendit  clone  à  Paris  et  vit  hi.  de  Queylus.  Ce  deruier.  se  sachant  en
                             grâoe  avee  La  Cour  et  avec  Rome,  se laissa  persuader.  Il  fit  mn  testa-
                              ment,  en  mars  1658,  et  s'embarqna.  Cette  fois,  Mgr de  Laval  le  reçut
                             avce honneur  et  lui donna  des lettres de grand vieaire.
                                  hl.  de Queylus passa  trois ans à  Ville-Marie,  faisant le  bien  et mul-
                             tipliant  ses  largesses.  Comme  sem  revenns  n'arrivaient  pas  toujours
                              assez  vite  à  son  gré.  il  décida  d'aller  régler  ses  affeires  en  France  et
                             pariit a  l'antomne  de  1671.  11 tomba  bientôt  malade, se retira  chez  les
                              Ermiies du Motit  Valcrien,  y lanpnjt peudant  quatre ans et alla finalement
                              niourir  au  Séminaire  de  Sainl-Sulpice,  le  20  mars  1677,  mais  non  pas
                              avarit  d'avoir  niis la  dernihre main, en présence  de Mgr de Laval à Paris,
                              a une fondation  qu'il  avait faite en  faveur des Hi>spitalières de Québcc.


                                  Voilj done les faits saillants des dérnPlés entre M.  de Queylus et Mrr
                              de  Laiel.  Tels  quels,  ils  sont  vrainient  dificiles  à  eoniprendre.  1Jne
                              histoire honnête  ne  peut  s'en  contenter.  11  fant l~  éclairer  en  étudiant
                              le  tempéramerit  der  honimes,  Ie3  conditions  du  temps,  les  habitudes
                              romaines  c:t  celles de la  Cour  de France,  le  caraetere spécial  de la  fon-
                              dation montré al ai^.
                                  Pluriienrs  historiens  ont  traité  le  sujet,  entr'autre  M.  Faillon  en
                              1865 dans son Histoire de la Colonie jrançaise  en Cmada, l'abbé Auguste
                              Gosselin, en  1800, dans la Vie de Mg' de Lavol,  le  Père de Rochemonteix,
                              en  1896, dans Ides iésrrites et  h AVouvelle-Fronce au XVIP  siècle.
                                  On  pourrait  craindre,  i  première  vue,  que M.  Faillon  ait  défendu
                              1s  Sulpiciens,  le  Père  de  Rochemonteix,  les  Jésuite&  et  hl.  Gosselin,
                              I'évFque  de Pétrée.  Lee  trois  autrnrs  n'ont  fait que se servir,  conscien-
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