Page 44 - Transcriptions d'actes notariés - Tome 20 - 1682-1686
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Mais  nous n'avons  là  que les  recettes  brutes,  i1  faut  noter  aussi  les
                                  dépenses.  11 en  eoûte pour  réparer  les  di.gâts  de  la  guerre,  méme  si  le
                                  gouverneur  Muray  fait faire  bien  des  réparations  essentielles  au monas-
                                  tère  et  à  la  chapelle ; il  faut  ausei  réparer  et  entretenir  les  fermes  ; il
                                  fant  nourrir, ehaufier, habiller  et soigner la  Communauté et les pension-
                                  nairm  ; I'expIoitation  du  jardin,  de la bas=-cour  et  des terres  exige évi-
                                  demmerii des mises de fonds considérables.  De eorte aue lea  auatre vre-
                                  inières  années  du  régime  militaire  sunt  déficitaires ; 'seule  la  dernière
                                  accuee  un surplus.  Certes, les  défieils et  le  surp1us  lie  sont  pas  élevée  :
                                  le  déficit  de  1760 est  de  5,6'21  livres  2  801s  6 deniers  ; celui  de  1761,
                                  562  livres 7  sols ; I'anriée  suivarite, le déficit  est  tout  juste  de 279 livres
                                  13 sols ; il  s'élève  à  512  Iivres  4 FOIE  en  1763 ; le  surplus de  1164 est
                                  de  536  livres 4  sols.  Le  bilan  général dee  cinq  années  resle  déficitaire
                                  de 6,439 livres  2  sols 6  deniers  : déficit  très  nbgligeable,  si  on le  com-
                                  pare i celui d'aulres  Coniniunautés.  Les Ursuliiies terminent  donc eette
                                  période par  uri modee~e débit ; elles se  tirent  auesi de la crie d'argent
                                  de papier  avec  Urie  niodeste  perte,  14,250 livres,  perte  modeste  si  on  la
                                  compare  à  eell~s des autres  religieuses.
                                      En  eset,  les  quatre  aulres  Communautée  passent  par  une  crise
                                  financière très grave qui,  en certains eas, prend  un caractère absolunient
                                  tragique.  Pour 1'H6pitaI-Général des Sœurs Grises, cette crise finaneière
                                  très  grave  vient  de i'argerit  de papier  et  non deu  dépenses ordiriaires ou
                                  extraordinaires.  hlkre  d'Youville,  fille  et  veuve  d'hommcs d'affaires,  se
                                  classe parmi  les  quelquee  trèa  graiides  lemines  d'anaires  qu'ait  connues
                                  le  régiriie  français : on  sc  souvient  qu'en  prenant  la  directiun  de  l'Ho-
                                  pjtal-Général  de  Montréal  cti  1753,  elle  avait  été  obligée  d'accepier  les
                                  dettea  de  cet  Hu~jtaI au  montant  de  48.486  livres : or.  au  inornent  de
                                  la  conquête, elle 'R  dFjà fini  de liqnider ;a   dcttes.  Sous le  régime  mili-
                                  taire.  ellc va se montrer  tout  auvsi  heureuse.  En  effet,  l'Hôpital-Général
                                  va  ternijner  le  régime  militaire avcc un  surplus gliibal  de 36,689 livres ;
                                  e'est  un  iuceès vraimcnt exeeptiounel pour une  période ausei coniyliqir6e,
                                  suecès  qu'aucune  auirc Corninunant6  ne  peut  approcher,  même  de  loin.
                                  D'où tire-t-on les  recettes ?  Il y  a d'abord  les  pnaiounaires  : quclques
                                  prêtres  malades,  qnelques  rarcs  soldnts,  ttiais  surtout  des  dames  de  la
                                  Iiaute  sociéti qui  paierit  des  pensions  élevées  et  qui  Iais*ront  en  mou-
                                  rant des dons  g2néreux  ; il  y  a  mCme  une loterie qui produit  900 livres.
                                  Pensions,  loteries  et  quelqne3  iiem  diveis  rapportent  un  rcvenu  total
                                  de  120,029 livres  3 sols  8 deuiers,  ponr  les  cinq  ans.  Pour  la  même
                                  période,  le  montant  des  dons  s'élève  à  47,799  livres  1 sol : notons  ici
                                  un  Charles  Réaumc  qui laisse 2,000 livree,  et  Jeanne  Gny  qui cn  laisse
                                  6,000  ; les  Anglais  ne donncnt  preque  rien,  390  livres.  Toutes  dortes
                                  de travenx  de eouture rapportent  52,UO  livres  13 sols  5 deniers.  Par
                                  coutre, les  terres derrienrent un fardeau  : cellea de la Pointe-Saint-Charles
                                  ne  laisseut  que  des déficits  ; les  rcvenus  de  Chambly  sont  nuls ; Mère
                                  d0Youville aflerine la  seigneurie de Clilteanguay en  y  perdant tout  à fait
                                  les  premières  années.  Dans  l'ensemble,  le  bilan  du  régime  militaire
                                  reste,  malgré  des  dépenses  élevtea.  un  grand  suwh  avec  son  surplus
                                  de 36,68(J  livres 13 sols 9 deniers.  Mère d'Youville  a si bien  6n  calenlzr
                                  iqu'en  août  1164 elle  décide  d'acheter  la  seigneurie  de Cbâteauguay  et
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