Page 46 - Transcriptions d'actes notariés - Tome 20 - 1682-1686
P. 46
de 43,085 livrea 7 sols 6 deniers ; par les coupures impokea, le perte
allait être d'environ 26,000 livres. Pour une Communauté qui ne peut
plus compter sur les secours habituels de France, perdre 26,ûûû livres
d'un coup et en devoir près de 100,000 e'eet se trouver à deux doigs de
Ia cetastrophe.
Le drame n'eat pas moins tragique à l'Hôtel-Dieu de Montréal. La
principale souree de revenus pour l'hôpital était le soin des malad- de
l'armée : de juillet 1758 à septembre 1760, l'H8tel-Dieu avait reçu ainsi
une moyenne d'environ 4,000 livres par mois ; or nous constatons que
de 1762 à 1764 eette moyenne est tombée à environ 80 livres wulemeut
par mois. La prineipale souree de revenus est done réduite a néant.
Quant au Domaine du Roi, il ne peut pIus rieu donner. Les cinq années du
régime militaire se Lerminent par un ridicule surplus de 64 livree 8 sols
10 deniers. Awurément, lm deltes de l'hôpital ne sont pas élevées, envi-
ron 7,000 livres, mais ce méme hopita1 va perdre environ 6,000 livres
lors de la liquidation de l'argent de papier. Adminis~ratrice d'un hôpi-
ta1 dont la principale source de revenus ne rapporte plus rien, la Com-
munauté est réduite à la mi&re : nous n'avons pas le livre dm recettes
pour les annéee 1759 à 1761, qui sont l~ pires années ; même si nous
relevons pour les années 1762 à 1763 un petit surplus de près de 9,000
livr-, cela ne compte guère, car le drame de la Corninmiauté vieut de
l'argent de papier. Les religieuses en détenaient au Canada et en France
un total effarsnt de 116,250 livres : les réductions impokes par la Cour
de France allaient faire perdre à la Coinmuilauté un moutsnt de 79,250
livres. C'est à peu prés le montaut que perd l'Hôpital-Général de Mont-
réal, mais la msisou de Mère d'yonville, comme d'autres Comrnunautéa,
a ce qu'il iaut pour continuer son mvre : avec quoi l'Hôtel-Dieu peut-il
subsister, puisqu'il a perdu en même temps sa principale source de reve-
nus ? il n'aura plus qu'à ierrner et e'eat la solution que l'on proposera
dans uu moment de désespoir.
C'est l'Hôpital-Général de Québec qui subit le plus duremeut le
contrecoup de la conquête. Lorsque les soldats français et anglais eurent
quitté cetle maison à l'automne de 1760, lm religieuees purent goûter
de nouveau aux chames de la solitude, maia elles se trouvaieut dEmr-
mai8 en face de la banqueroute.
L'Hôpital-Général ne reçut pas une wule bombe, mais il eut quand
même à enregistrer des dtgâts matériels conoidéraliles : en assurant Le
logement à la population civile et en remplissant de blessés la maison
et les dependanees, il avait subi uii grand bouleversement ; de plus, les
terres environnantes avsient eervi de cimetières, elles avaient été rava-
géee par I'ermée ; des semenees, nulle part. Quant à la wigneurie de
Saint-Vallier, au-deaaous de Québec, l'armée française y avait pris des
bestiaux et du blé en donnant, en retour, 12,000 livrm d'argent de papier.
Et cea dégâts matériels n'étaient paa tout. il fallait prévoir lm pertes à
brève écliéance : si le pays restait B 1'AngleLerre, on perdrait les secours
annucls du Domairie du Roi (2,ûûû livree) : comme la Communauté
rewvait jusque-là une aide généreuse des grandes familles du pays, on
ne ponrrait plus compter sur cette aide ; les hauts-fonctionnaires partis,