Page 123 - Transcriptions d'actes notariés - Tome 20 - 1682-1686
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ionn.. . Ceite annie 1819, j'si compté plus de cent cinquante familles.
Pamii cee aauvngre, il y B plusieurs ivmp-m qu'an tient eu vuin den
annéea eniières hors de I'égIise. Mais le plu$ grend nombre e un fonds
de religion et irii~ pardlre nue foi qui n'en cède guere ii crlle deu Irlen-
deis . . . Depuis un an, deux filles seulemeni on; été condamné~s pour
mauvaise conduile ; six sauniges pour ivrognrrie ~cendaleuse ; vingt
hommes el douze femmes ont éié mis hors de l'église durunr eix moi3
pour n'être enivrés une ou deux fois. II 0
Cette lettre et lee autre:! textes que nous avons ejtk monirent bien
que la pratique des pénitences publiques était courante dans toutes les
du
mis~ion~ Golfe, duraiit la première moitié du siècle dernier.
Cependant, la tradition des curés énergiques, rudes meneurs de peu-
ples, ne s'est pas perdue eii Acadie, puisqu'oii trouve, jusqu'à une époque
toute réeente, des mesiires fieinblables. Un évêque prescrivait i ses
prêtres de ne pas aceorder dc mariage solenncl à des couples a: presws w,
qui avaient pris un peu trop évidemment des acomptes a, mais de les
marier privément, eii arrière de l'église, près des confessionnaiix. Un
missioiinaire de Restigouche reprenait à son compte les vigoureuses
méthode0 du Père LeClercq, et quelques curés frappaient de sanctions
sévères les mariages de religion mixte.
La rencontre, en Acadie, de ces pkniiences publiques iic doit pas
laisser croire que les mœurs y étaient pires qu'ailleurs. Au contraire :
la façon rigoureuee dont les iautes étaient réprimée0 nous prouve leiir
caracthe exceptionnel. L'imposition et l'acceptation de ces pénilences
publiques indique une foi trEs vive, beaucoup d'humilité de la part des
pénitents qui les recevaieiit, et beaucoup de charité de la part dee autres
chrétiens, sans quoi elles n'auraient pas été tolérables.
Des ~prits prévenus pourraieiit aussi voir 1à un abus d'autorité de
la part di1 clergé. Il faut remarquer quc les pénitences publiqiies ne
punissaient que des dFlits graves, causes de scandale géiiéral.
Pour bien juger de ces péiiitences, il faut aussi les considFrer dam le
contexte de circonstances qui les entouraient ; elles ne peuvent se com-
prendre en dehors d'un climat chrétien fervent. Si elles nous étonneiit
aujoiird'hui, c'est qiie nons avons de la pcine à imaginer un tel climat.
Qu'elles aient pu s'appliquer en Acadie nous inon tre préeisérnent qu'il
y exista une chrétienlé fervente et des pasteurs convaincus, dign~ des
premiers siècles de l'église.
Maintenant que ccs ptnitences semblent définitivement dispariies,
nous ne les rcgreltons pas trop (car si elles revivaient, noiis craindrions
peul-être d'en attraper ! ) ; inais noiis regrettons le cliinat de foi et d'es-
prit évangélique où de tels actes étaient possibles.
René BAUDRY, c.s.e.,
Université Saint-Joseph,
Moncton, N.-B.
0 Les Ursulines des Trois Rivières, VOL 3, Montri.al 1898, p. 53.
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