Page 128 - Transcriptions d'actes notariés - Tome 20 - 1682-1686
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Ma Révérende Mère,
                                      Je  vous  reiivoie  eiifin  voire  chère  Mère  et la  notre  ; je  ne  sais  si
                                  elle a été coiitente de nous, mais je  vous  assure  que nous Ie sommes bien
                                  d'elle.   Cette  bonne  BIére  est  venue  nous  surprendre  dans  le  temps  du
                                  graiid  silence  ( pcndant  i'exameii  du soir).  Lorsque la  veilleuse vint  me
                                  dire qu'elle  était à notre Chambre, le quart d'heure  me sembla long.  Reii-
                                  due près  dVelIe, je  tâchai  de  lui  rendre mes hommages  pour  moi  et  ma
                                  Communauté  qui  ignorait  que  je  pos&deie  un  si  grand  trésor.  AprPs
                                  la  Messe,  le  lendemain,  je  ni'oeriipai  de  lui  préparer  un  trône,  le  plus
                                  riche  qu'il  me  lut possible,  le  tout  en  secret,  afin  de  faire une  agréable
                                  surprise  à  mes  sœurs.  Noua  venions  d'acheter,  pour  le  reposoir  du
                                  Jeudi-Saint,  une  jolie  crédence  de poiiit  de  soie  brodé  oii  était  attaché
                                  le  saint Nom  de  Marie  surmont6  de  sept  &toiles en  or,  et  brillants . . .
                                  J'ajoutai  autour  de  cctte  crédence les  plus  jolies  fleurs  que  iious  ayons
                                  et  je    os si  desous  uii  joli  gradin  couvert  de  velours  de  soie  cramoisie
                                  brodé en  or  et par-dessus eneore  un  autre plus petit  garni de  diamante
                                  et de perles,  sur lequel j'ai  posé  notre Aiipste Souveraine.
                                      Quelle  lut  la  surprise  de  mes  stizurs,  dont  plusieurs  étaient  en
                                  retraite,  lorsqu'elles  nous  virent  entrer  eu  chœur,  l'uiie  portant  la  cré-
                                  dence. l'autre le trône et  moi. voire Sainte Mère.  Au réfectoire  i'annon-
                                  çai  une neuvaine en bon  honneur et une procession  solennelle qui eut lieu
                                  dans I'aprbmidi.  Nous patishee par les cloîtres des salles dont on ouvrit
                                  les portes, afin qu'elle  y  répandit sa bénédiction et que lea malades lui ren-
                                  dissent  leurs  hommages.  De  retour,  nous  arrêtâmes  à  la  Communauté
                                  oh  nous exposimefi  la  Reine  du  Ciel  sur l'autel  qui était  daiis  toute  sa
                                  beauté.  Enfin,  ma  chère Mère,  ces jours-ci  ont  été des jours  de rénova-
                                  tion  et  d'une  sainte  réjouissauce  : nous avons  eu  un  peu  de  récréation
                                  en  l'honneur  de la  Sainte Vierge.  Jeudi  dernier, les Novices lui  ont fait
                                  un  joli  salut  au Noviciat  ; ellm  oiit  déployé  tout  ce  qu'ell~ avaient  de
                                  plus  beau,  soit  en  leur  chant,  soit  en  leur  chapelle.  II  était  de  notre
                                  devoir et intérét  de faire  de  notre mieux  pour  rendre  agréable  le  &jour
                                  que  cette  bonne  Mère a  pas&  avec  ses  Filles  aînées.  Aujourd'hui  nous
                                  avons  été  en  corpa  de  Communaiité lui faire nos  derniers  adieux : nous
                                  avons ehanté  des hymnes et des cantiques à  sm  pieds ; le tout  a  fini par
                                  uu  Laudate.
                                      Ma  Révéreiide Mère, si je  n'étaia  eoiivsineiie que l'honneur  que l'on
                                  reiid  à la Mère fait la gloire des enfents,  j'aurais  eraiiit de vous ennuyer
                                  par  ces  longs détails  sur la  réception  que nous  avons faite à  notre eom-
                                  mune  Mère.  Je vous la  remeta  donc entre les  mains  avec  niille et mille
                                  remerciements,  pour  vous  en  particulier  et pour  votre  rpspertable  Com-
                                  munauté  à  qui je  vous prie  de  faire agréer  nos  sentimenta  les  plus  sin-
                                  eères  et  pa rfnjt  dév ouement . . .  Suivent  quelques  lignes étraiigèrefi  au
                                  sujet.
                                                                  Sœiir St-Augustin, Supre.

                                      L'année  suivante,  le  29 septembre  lm, iors  de  la  bénédiction  de
                                  i'aile  où  se  trouve  la  aalle  aetuelle  de la  Communauté,  lm  aniiales,  tou-
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