Page 117 - Transcriptions d'actes notariés - Tome 20 - 1682-1686
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Les penitences publiques en Acadie
Les pénitences publiques tetiaient une place importarite dana I'égIise
primitive. Pendant les persécutions des premiera siècles, elles s'appli-
quaierit surlout aux chrétiens qui avaient sacrifié aux idoles, les lupsi.
Uii concile élabora méme toute une Iégislation à ee sujet. La pratique
en persista jusqu'au moycn âge, et tous connaisserit la pénitenee exem-
plaire exigée par saint Ambroise de l'empereur Théodose, après le mas-
sacre des habitants de Thmselonique, ek celle que s'imposa Henri IV
d'Allemagne, à Canossa, pour ohtenir le pardon du pape Grégoire VIT.
Ces péiiitences caractérisaient des hges de loi très vive, où la conscienee
ehrétienne, après des moments de relâcheinent, éprouvait de brusques
relours d'intransigeance.
De jeunes ehrétientés, eomne la Nouvelle-France. connurent ausai,
au rntiins a ccrlaine~ époques, la mkme ferveur expiatoire. Les Reiutions
des 1é.ruites mentionnent en plusieurs passages des pénitences imposées
aux Indiens, à Ia snite d'ivrogneries ou de mariages illicites. Parfois les
Indiens eux-niêmes en réclamaient. Ils remarquaieiit cependant que Ica
Blancs ne témoignaient pas de la ménie candide générosité, et que les
mjssionnairm rie les raitn nient pas de lasun aussi rigoureuse. La Relation
de 1642 rapporte que * les iilgonquina de Sillery font de rude3 disciplines
pour s'esfre enivrés plusieurs fois, mais se pleigneiit fort et ierme que
les hanrais s'enivrent et sont vilains et qu'on n'eri dit niot m. 1 Le gou-
verncur, M. de Miinlmagriy, pont donner l'exemple, dnt sévir et con-
damna au chevalet denx soldats qui avaient donné scandale aux Indieiis
et anx Français, en s'enivrant à une veille de Noël, avant la me% de
minuit.
Nous ne cherehercins pas ici à relater toute l'bis~oire des pénitentes
publiques eu Caiiada, mais ne voulons qu'en rapporter un certain nom-
brc d'exemples sunrtnns en Acadie. Ce relevé ne prétend pas. non plus,
être eomplet, et le dépouillement systématique de la correspondance des
missioiiriaires en relèverait sans doute d'autres ras. Les mentions que
nous en avons recueillies à diver-s époques, révdent cependant une
esphce de tradilion eontinue, et moiitrent un aspect révélateur de la vie
religieux en Acadie.
4 t W
Le Père Chrétien LeCIercq nuus en rapporle un premier exemple. a
Uiie jeune Indienne, exelue de Ia prière pour quelque faute, en conçut
Twaitea ; The Jesuia Beldions, vol. 27, pp. 100 et 118.
3 NoweUe filarion de la Gaspésie, p. 146 & seq. Edition de 1s Champhin
Society, pp. 133 et 356.
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