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YIE CHRÉTIENNE 65
fréquentes, malgré leurs perfections et leur sainteté;
elles ne sont pas encore des anges et par conséquent
elles ne peuvent pas être sans avoir quelques dé·
fauts; c'est une condition de notre nature. Si elles
n'en avaient point, Dieu les enlèverait au Ciel tout
de Buite i elles ne sont ici·bas que parce qu'elles en
ont encore.
Nous aUBsi, chère Mélanie, nous en avons j et
notre plus grand, peut-être, est de ne pas les aper-
cevoir. Oh 1si malheureusement nous devions rester
ici·bas tant que nous en aurons, nous aurions lieu de
craindre d'y demeurer encore longtemps. Cependant
prenons courage, Dieu aura pitié de nous et je n'en
veux pour preuve que la manière dont il nous traite
Bur la terre. Tu vois par là qu'il ne veut pas nous
retenir trop longtemps en purgatoire, puisqu'il
nous donne les moyens de le faire pendant notre vie.
Oh 1 Profitons-en donc, chère Mélanie, ne perdons
pas un si grand avantage. Il faut que tu souffres,
c'est nécessaire; il t'env'oie pour cela une mauvaise
santé; il te fait partager les peines de notre famille j
au lieu de te gronder lui·même et de te tourmenter,
il permet que d'autres le fassent. N'est·il pas vrai
qu'il est bien moins pénible d'être grondée par les
servantes de Dieu que d'être grondée par Dieu lui·
même. Eh bien 1 ma chère sœur, figure.toi que les
pieuses religieuses que tu fréquentes ne font que ce
que Dieu leur inspire de faire.
Cependant je ne veux pas te dire qu'il ne fail1e
apporter aucun remède à tes misères, et je serai le
premier de mon côté à faire tout mon possible pour
les diminuer. Mais je ne crois pas que tu puisses
raisonnablement penser à al1er à Paris. Il me semble