Page 57 - monseigneur
P. 57

LA DIVINE PROVIDENCE l
      Issu!! d'une famille pauvre, presq"ue misérable, Vital et Jean
           Grandin connurent les honneurs du sacerdoce. L'un devint
           Évêque de Saint·Albert, l'autre, Chanoine de Laval. Mais
           ces honneurs n'ont pas enflé l'âme de Vital, le petit berger.

           Cher Frère, je pense souvent à ce que le bon
      Dieu a fait pour nous. Quand je me rappelle notre
      enfance, notre jeunesse si agitée, nos épreuves de
      (amilles, nOff difficultés sans nombre, j'admire vrai-
      ment cette divine providence qui nous a conduits
      comme par la.main; qui nQUS a conduits, non seule-
      ment au sacerdoce, mais à des honneurs auxquels
      assurément nous n'aurions jamais pensé. On dit
      qu'il y a dans le clergé des ambitieux. Je ne pense
      pas que cela ait jamais pu être notre défaut. Aspirer
      à l'Episcopat ou même au canonicat n'eût pas été
      seulement pour nous de l'ambition, mais de la folie.
      J'espère que ces hQnneurs ne seront pas l'unique
      récompense que le bon Dieu nous réserve. Jet'as-
      sure que, pour ma part, je me trouverais peu ré-
      compensé, tant je trouve mes croix pesantes et em-
      barrassantes, et je pense bien que dans ta retraite
      tu en trouveras aussi; j'en suis d'autant plus sûr
      que lorsque les croix nous manquent, nous aVQnS le
      talent de nous en créer. Cependant malgré nos
      ennuis, nos croix et nos découragements, ne soyons
      pas ingrats envers le bon Dieu, qui nQUS a tirés de
      notre misère de stercore erigens pauperem. Soyons
      ses hommes jusqu'à la fin, certes il le mérite bien.
           1Lettre à Bon frère Jean, Chanoine de Laval _ Ottawa,
      la 20 mari 1888. _ CFG

                               [ 57 J
   52   53   54   55   56   57   58   59   60   61   62