Page 151 - monseigneur
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SUR LA SOUFFRANCE                151


         action, en faisant tourner à notre avantage, même
         les mauvaises intentions de nos ennemis. Prends
         donc courage, bien cher enfant, le bon Dieu est par-
         tout et il y a du bien à faire partout. N'oublie pas
         aussi que le diable nous fait partout sentir les effets
         de sa haine, que les hommes parce qu'ils sont prêtres,
         religieux, évêques même, n'en sont pas moins des
         hommes exposés à toutes les faiblesses du pauvre
         genre humain. Et nous-mêmes, cher ami, nous vou-
         Ions le bien, nous voulons être des saints. Oombien
         cependant de petitesses, de misères nous découvrons
         en nous, pour peu que nous y réfléchissions, et com-
         bien plus les autres en voient 1 Ainsi tu as trouvé à
         Sainte-Oroix, chez des hommes bien respectables, des
         choses sur lesquelles tu ne comptais pas; tu en trou-
         veras dans ta nouvelle position. Mais tu as acquis
         une expérience dont tu avais besoin; tu en verras
         d'autres pour'peu que tu vives. Ne nous appuyons
         que sur Dieu, ne cherchons que lui et ne nous atta-
         chons ni aux localités, ni aux emplois, ni aux per-
         sonnes. Nous sommes à Dieu, laissons nous con-
         duire; c'est par la tribulation qu'il forme ses hom-
         mes. Ton évêque s'est vraiment montré bien bon
         pour toi; c'est une consolation qui te reste; les pêres
         qui demandent ton éloignement, n'en montrent pas
        moins d'estime pour toi. 0 'est bien aussi une con-
         solation. Tous les persécutés n'en ont pas autant.
        Le bien que tu faisais à Sainte-Oroix, d'autres le
        feront; peut-être que tu en feras à Versailles qui
        n'aurait point été fait. Il me tarde d'avoir de tes
        nouvelles, écris-moi au plus tôt.

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