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L'INFORTIlNE EST SOUVENT
                          UN BONHEUR'
         Le jouno Vital Grandin est eneore élève aU Collège do Prôcigné
             lorsqu'il écrit cette lettre à sa sœur poUT l'encourager.'

             Dieu sait bien mieux ce qu'il nous faut que nous-
         mêmes, il sait que le malheur nous fera demeurer
        fidèles, et que la prospérité nous rendrait peut-être
         ingrats; il veut nous montrer que le bonheur n'est
         point sur cette terre, que c'est au ciel que nous le
         trouverons réellement. Mais, ma pauvre filIe, pour
         te prouver que l'infortune est souvent un bonheur,
         jette un regard sur ceux de notre famille qui croient
         avoir bien mieux réussi que nous; ils ne manquent
         de rien, crois-tu , ma filIe, ils manquent de tout; ils
         mettent leur bonheur sur cette terre; ils nous plai-
         gnent; pauvres gens, que je les plains moi-même.
         Au lieu de nous plaindre, quand Dieu semble nous
         frapper, remercions-le et disons-lui: Mon Dieu, que
        votre volonté soit faite. Je préfère, si c'est votre
        volonté, être malbeureux toute ma vie que d'être
         heureux contre votre volonté. Le matin, ne manque
         jamais d'offrir à Dieu tous les petits sacrifices que
         tu auras à lui faire dans le courant de la journée;
         et le soir, si tu trouves en avoir bien fait, n'en pleure
         pas, mais remercies-en Dieu. Dis souvent dans tes
         prières: Mon Dieu, rendez mes parents de bons chré-
         tiens, ne permettez pas qu'ils aient jamais le malheur
        de vous offenser mortellement; accordez-leur les
        biens de ce monde, autant qu'ils ne nuiront point à
        leur salut, autant que ce ne sera point contre votre
             1 Lettre à sœur Mélanie. _ Préclgné, 18 mal 1850. -  CFG
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