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134 MONSEIGNEUR GRANDIN VOUS PARLE . .•
1 prendre une plus en rapport avec ma faiblesse, car il
j me faudra souffrir partout et toujours. Je n'attends,
à vrai dire, mon repos qu'au ciel.
mUf N'EST PAS ROSE 1
Tu verras, par une ciroulaire que je t'adresse,
une partie de mes difficultés et, maibeureusement,
elles ne peuvent que s'augmenter. La population
blanche augmente prodigieusement; maie le plus
souvent ce sont des gens qui en fait de religion valent
plus ou moins vos gouvernements; s'ils sont chré-
.tiens et honnêtes, ils sont pauvres, viennent dans le
pays pour tâcher d'y refaire une fortune ruinée et
ils ne peuvent rien faire pour nous; c'·est à peine si
nous pouvons obtenir quelques corvées. Le protes-
tantisme nous talonne; l'argent ne lui manquant pas,
il fonde des collèges, des écoles, des établissements
de différent genre où il s'efforce d'attirer nos en-
fants et nos catholiques indifférents. Mes mission-
naires me harcèlent par leurs demandes; j'en suis
venu à redouter le courrier; ce sont .toujours des
demandes de constructions, de fondations de nou-
velles missions et partant, demandes d'argent, sous
prétexte que tel poste va nous échapper, telle tribu
va devenir protestante; quelques-uns présumant de
leurs forces vont de l'avant, s'endettent et m'en-
dettent. Ajoute à tout cela que, avec la civilisation,
les besoins augmentent; nous ne pouvons plus comme
1 Lettre à eon frire le Chanoine Jean. - St.-Alberl; le 19
ftlvrle. 1886. - CFG