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130 MONSEIGNBUR GBANDIN l'OUS PABLE . ••
MtME SI TON FRÈRE EST tvtOUE ... 1
Monseigneur réitère d.. conseUs qu'il a déjà donnée à sa sœur.
Jet'écris ce petit billet presque pour te gronder.
Pourquoi te désoler comme tu fais; tu te tourmentes,
tu t'inquiètes d'un rien, mais, ma chère enfant,
pourvu que tu vives quelques années, combien tu vas
souffrir si tu t'inquiètes ainsi. Te crois-tu la seule
à avoir du chagrin et de l'inquiétude' Tu t'en fais
beaucoup, il est vrai; mais je crois que tu devrais en
avoir beaucoup moins que d'autres. Je ne sais d'où
peuvent te venir tes chagrins; car tu ne me le dis
pas; mais pour les diminuer fais bien ce que je vais
te dire: prends bien garde d'être trop susceptible;
ne prends pas en mauvaise part des conseils et des
observations qui peuvent te venir de la part des
personnes avec qui tu vis; elles ont plus d'expérience
que toi et peuvent t'être très utiles. Si elles se trom-
pent ou mêms si elles en agissent ainsi pour te faire
de la peine et te nuire, quel que soit leur dessein,
pourquoi encore tant t'affliger' Que peut-on te
faire après tout' presque rien; c'est tout sim-
plement pour toi un moyen de pratiquer la patience,
l'humilité peut-être et bien d'autres vertus. Prends
donc courage, ma chère sœur, et ne t'afflige pas ainsi
de ce qili devrait te réjouir. Toutes tes peines et tes
chagrins BOnt autant de moyens de t'enrichir pour le
ciel, si tu les supportes comme il faut; allons, si tu
t 'y entends un peu, tu ne laisseras pas perdre, tant
et de si sûrs' moyens de gagner le ciel. Souffrir de
la part des hommes est méritoire; souffrir de la part
1 Lettre à sa sœur Mf.lanie. - SaDi date. - CFG