Page 133 - monseigneur
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peine, moi aussi, à ne pas montrer un peu d'humeur.
Puis, je trouve toujours des dépenses qui suivant
moi ne sont pas absolument nécessaires; il me faut
souvent faire des observations pénibles à recevoir,
au moins aussi pénibles à faire, causer de la peine à
des missionnaires zélés qui sont là par dévouement
et s'imposent bien des privations pour faire le bien.
Oui, cher frère, si ma charge est honorable, que je
paie chers les honneurs qu'elle me procure. Que je
céderais volontiers et la charge et l'honneur. Ma
grande crainte est de compromettre la cause de Dieu.
Tu dois le comprendre, je fais des fautes et j'en
fais souvent; maintenant plus que jamais, les suites
peuvent en être funestes. Je n'oserais pas demander
la mort; mais s'il plaisait au bon Dieu de m'enlever
de ce monde, mon acte de resignation n'aurait pas
grand mérite. Si, comme je l'espère, je puis avoir
bientôt quelque infirmité qui soit une raison suffi-
sante pour me démettre de ma charge, je me hâterai
de le faire, et tâcherai de me rendre utile cependant,
en servant au moins de compagnon à un de mes mis-
sionnaires dans une petite mission. De cette façon,
mon diocèse serait confié à des mains plus capables,
le bien se ferait plus sûrement. Ne va pas pourtant
me croire absolument découragé. Je sais fort bien
que le bon Dieu n'a pas besoin d'un homme capable
pour faire son œuvre; et c'est tellement vrai que
ceux de mes missionnaires qui font le plus de bien
ne sont plrs généralement ceux qui ont le plus de
talent. Tant que le bon Dieu me laissera absolument
les forces nécessaires, je porterai ma croix de mon
mieux; quand je ne le pourrai plus, je tâcherai de la
faire déposer sur les épaules d'un autre pour en