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LE PA11VHE GARS GBANDIN,
GABDEUB DE BREBIS 1
Les membres de la famille Grandln .. disputaient le plaisir de
donner l'hospitalité A. leur ehel Évêque miuionnaire, Ion
de 888 VOY&aeS en Franee. Il adl'6lse lei une lettre à 11&
Bœur pour lui faire partager Bea sentiments.
Me voilà arrivé au port d'où je devrai prochai-
nement partir. Je veux avant de m'embarquer te
oourir encore ces quelques lignes et te dire adieu
enoore une fois.
J'ai toujours regardé, bien ohère sœur, cette
triste vie comme une vallée de larmes. On n'a pas
besoin d'aller parmi les sauvages pour souffrir; les
souffrances se trouvent partout et quelques per-
sonnes, comme toi, ma chère enfant, sont ingénieuses
pour s'en créer quand elles pourraient leur faire
défaut. Ainsi mon voyage en France, qui autrefois
était pour nons deux une source de joies si douces
et si pures, a été cette année une source de peines
d'autant plus cruelles qu'on avait moins lieu de
s'y attendre. Et ce qui me fait peine en m'éloignant,
c'est de penser que la peine que je t'ai occasionnée,
ne s'éloignera peut-être pas avec moi. Jete prie
pourtant de croire, ma pauvre enfant, que mon
affection pour toi n'a pas changé; je t'aime et
t'estime toujours. Si quelque chose m'afflige, c'est
que tu puisses en douter et je puis dire que tous tes
frères n'ont pas non plus cessé de t'aimer. Mainte-
nant, chère enfant, permets-moi de te parler fran-
chement. Tu sais oombien j'étais peu fait pour l'épis-
1 Lettre ~ Il sœur Mélanie. - Brest, 7 mal 1874. - CFG
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