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le plaisant curé de Grenoux fit une réflexion digne
de lui: c Oh 1 le mauvais temps 1 dit-il, pour les
chiens qui n'ont pas de niche. Ce soir-là, contraire-
ment à l'ordinaire, j'en avais trouvé une, moi, qui
me fit bien plaisir, je vous assure; mais cependant
j'y dormis (moins) bien qu'au campement. Comme
nous étions dans une maison, un de mes sauvages
crut pouvoir se dispenser de se coucher à côté de
moi; je n'osai pas l'y obliger, car c'est pour eux
uns véritable pénitence; une fois qu'ils sont bisn
pelotonnés dans leur couverture, ils en ont jusqu'au
lendemain sans remuer; moi, au contraire, il me
faut me tourner cent fois avant de m'endormir, ce
qui les contrarie passablement et leur fait payer
l'honneur de partager le lit d'un évêque. Ils sont si
peu jaloux de cet honneur, qu'ils sont heureux de
s'en dispenser. C'est ce que l'un d'eux fit ce soir-là.
Je pus dormir tant que le feu nous donna un peu de
chaleur, mais bientôt le froid me réveilla. Je fis
approcher un chien, moins susceptible que mon sau-
vage. Je pus grâce IL sa chaleur, dormir encore un
peu (encore un rapprochement de la comparaison du
curé de Grenoux). Bientôt après je me réveillai
encore, tout grelottant du froid; alors je laissai sau-
vage et chien ronfler en paix et j'allai faire du feu le
reste de la nuit et récitai l'Office de Saint Sébastien.
J'oubliais de vous rappeler aussi un autre souvenir
bien agréable de notre si aimable fête, c'est la réci-
tation du chapelet présidée par mon père, et ensuite
suivie de la prière du soir et de la bénédiction. Ce
soir-là aussi, je récitai le chapelet avec mes deux
sauvages. Il m'eût été bien agréable, bien cher père,
de vous céder la présidence, mais vous auriez été em-