Page 95 - monseigneur
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de chaque côté et nous prenions des glissades dans la côte, en
                                 avant de la maison. C'était raboteux avec un cahot à la fin !
                                 Nous sautions, car nous étions debout là-dedans, et assez
                                 souvent nous versions sur le côté. (C'était le fun !) Cette
                                 grande sleigh servait pour rentrer le bois de chauffage dans
                                 l'allonge. C'était tout un ouvrage de la monter dans les mar-
                                 ches du perron et ensuite dans la porte! Les hommes forçaient
                                 et les femmes criaient de fermer la porte: «Vous faites geler
                                 toute la maison! »
                                    Les garçons patinaient, bien sûr, dans le bas de la côte,
                                 avec des patins de bois munis d'une lame qui était une lime.
                                 C'était fait à la maison ou chez le cordonnier. Avec les
                                 chaussures de ce temps-là, c'était difficile d'assujettir ça soli-
                                 dement. Cependant, quelques-uns étaient de bons patineurs.
                                 Je peux dire que j'ai essayé une fois, moi aussi, mais ça n'a pas
                                 été une réussite... Ça ne veut pas dire que je n'aurais pas aimé
                                 ça ! Pour le ski, les garçons prenaient des douelles (c'est dans
                                 le dictionnaire, je ne l'aurais jamais cru !). Ils se plaçaient une
                                 douelle de quart après chaque pied et descendaient la côte en
                                 avant de chez nous! C'était rude, mais à la longue, ça finis-
                                 sait par aller assez loin. Les enfants devaient inventer. Au-
                                 jourd'hui, ils n'ont que le choix à faire!
                                    Le printemps arrivé pour de bon, les enfants sortaient les
                                 moines (toupies) et puis les autres jeux. La truie était en vogue
                                 chez les garçons qui jouaient à ça dans le chemin: quatre
                                 trous à égale distance pour faire un carré et un trou au milieu
                                 pour la truie. Les quatre joueurs, munis de bâtons, devaient
                                 déloger la truie (qui consistait en une cible pas toujours ortho-
                                 doxe) ; c'était souvent une crotte de cheval gelée: nous appe-
                                 lions ça des pommes de route! Chacun sait que les chevaux
                                 n'arrêtent pas dans le chemin pour se soulager! Pour déloger
                                 la truie, il s'agissait de la rentrer dans les quatre trous, avant
                                 de la ramener au milieu. Quand la truie arrivait dans son trou,
                                 le gagnant criait: «Cambrouille ! »Quand le jeu était fini, il


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