Page 99 - monseigneur
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mère pour ma toilette! Une belle robe, un voile et un cha~
                                  peau pour compléter. Ce chapeau, qui était grand et joli, a eu
                                  une aventure. Il est parti au vent et est allé s'étaler dans une
                                  «tobe» (tub), un bassin d'eau près du chemin, en face de
                                  J'église. Cette tobe servait d'abreuvoir pour les chevaux. Pas
                                  besoin de dire que la garniture de tulle rose en a pris pour son
                                  rhume! Ensuite, nous avons traversé à Pierreville où nous
                                  sommes allés chez mon cousin, le notaire Mondou, le fils du
                                  demi-frère de ma mère, qui demeurait à la Saline. Ils
                                  n'avaient pas d'enfant, et avaient une belle maison avec deux
                                  lions de pierre au bas des marches du perron. Ma cousine était
                                  belle et gentille. Elle venait d'Yamaska, comme ma mère. Je
                                  pense même qu'elles étaient parentes, car c'était une Cardin,
                                  tout comme la mère de maman. Après le déjeuner (là, je
                                  me rappelle avoir mangé une orange, ce qui était rare pour
                                  nous), nous sommes allées, ma mère et moi, chez le photo-
                                  graphe, M. Comtois. Ce portrait a été donné à quelqu'un de
                                  nos parents. Si je faisais une petite visite chez des cousines, je
                                  le retrouverais peut-être, s'il n'a pas été jeté, mais c'est sans
                                  importance.


                                     Cet oncle Émile, après avoir passé quelque temps avec
                                  nous, est retourné au «Klondy » (Klondike) où il avait des
                                  intérêts. Je pense qu'il possédait un daim (concession) avec un
                                  associé. Mais mon oncle n'a pas été un chercheur d'or; il
                                  tenait hôtel là-bas. 11 avait de belles mains blanches et il
                                  achetait la boisson à la caisse, l'hiver qu'il a passé chez nous.
                                  Mais ce n'était pas un buveur. Plus tard, quand il est revenu, il
                                  est tombé malade; il a fait de l'eczéma. Je pense que mon
                                  père était décédé, et mon frère, qui avait hérité de la terre,
                                  n'avait que de jeunes enfants. Il a donc été bien chanceux
                                  d'avoir cet oncle pour l'aider aux travaux de la terre. Là, je
                                  suis trop avancée, ces choses se sont passées alors que j'étais
                                  partie de la maison et mariée.


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