Page 100 - monseigneur
P. 100

L'année de ma première communion, il s'est passé aussi
                             un autre événement rare pour ce temps-là. Mes grands-
                             parents ont été fêtés pour leurs noces d'or. Un événement
                             presque paroissial, puisque les notables du village étaient de la
                             partie. La tante de mon mari, la cousine Élodie Morvan, du
                             village, et une dame Desmarais, du Petit Chenail, bonnes cui-
                             sinières, sont venues aider ma mère à préparer le festin!
                             Les oncles et les tantes sont venus avec leurs enfants et sont
                             restés chez nous presque huit jours! Il Yavait des lits par ter-
                             re, un peu partout. Nous, les enfants, nous nous sommes bien
                             amusés, mais ma mère a été huit jours sans se déchausser!
                             Ce qui veut dire qu'elle n'a pas eu grand temps pour dormir.
                             Les gens du village ont donné deux beaux grands fauteuils
                             bourrés (rembourrés) à mes grands-parents et les enfants ont
                             fait agrandir le portrait de leurs parents dans de beaux cadres.
                             Ç'a été une grande fête! Aussi quand mon oncle Michel s'est
                             marié, il a demeuré chez nous quelque temps. Ça nous inté-
                             ressait, nous, de voir des jeunes mariés. Un jour, ma tante,
                            s'étant lavé les mains, avait ôté son jonc. Mon oncle l'avait pris
                            (elle l'avait oublié) et l'avait accroché après un clou au-des-
                             sus du lave-mains. Ma tante revenant chercher son jonc, nous
                            étions tous autour pour voir ce qui se passerait. Elle cherchait
                             partout et nous étions très excités, car nous ne devions rien
                            dire! Chacun se regardait et était bien tenté. Je me suis
                             lancée et j'ai dit textuellement: «Tiens, y va le dire, y va le
                            dire, il est là ! » Pourtant, j'étais gênée, ce qui a fait que j'ai
                            fait rire de moi et j'en ai braillé un coup r
                                Une autre fois, je revenais des champs en arrière de la
                             charrette. J'avais ramassé du foin qui traînait et je suivais la
                            voiture en gambadant et en chantant. En arrivant à la gran-
                            ge, j'ai passé en avant de la charrette et Coq, notre cheval
                             rétif, a commencé à prendre l'épouvante. Mon frère aîné,
                             qui tenait les guides, m'a crié: «Lâche ton foin et va-t'en à la
                             maison ~ » J'ai eu une peur bleue! A propos de ce cheval, mon


                                                          105
   95   96   97   98   99   100   101   102   103   104   105