Page 91 - monseigneur
P. 91

nous sommes allés à la grand-messe. C'était un Cardin qui
                                 était maître chantre. Il avait une belle voix, mais il nous a
                                 chanté le Credo et le Gloria avec des fions, tout pareil au
                                 père Gédéon! Les gens n'avaient pas l'air étonnés, mais moi
                                 et les autres de ma famille étions surpris et nous avions bien
                                 envie de rire. Nous n'avions encore jamais entendu ça !
                                     Je suis devenue assez âgée pour aller à l'école: sept ans!
                                  Nous avons toujours eu la maison d'école voisine de chez
                                  nous, à droite en allant vers le village. Quand ils ont changé
                                 de côté, en allant vers la fin du rang, mon cours de petite école
                                 était terminé. J'étais au couvent et c'est à cette autre école
                                 que j'ai enseigné avant de me marier.
                                     La maison d'école était plus longue que large, car elle était
                                 divisée en deux. Une partie pour les grands jusqu'à 13 ou 14
                                 ans et l'autre pour les commençants, les petits. Dans la divi-
                                 sion, il y avait une ouverture pour le poêle qui devait chauffer
                                 toute ['école. Ma première maîtresse était une petite grosse
                                 qui s'appelait Emma Laferté (dite Bedeau). Au vrai, tout le
                                  monde les appelait les Bedeau. Il y en avait trois ou quatre
                                  familles dans le rar.g. Cette Tima Bedeau n'avait pas de
                                  diplôme, bien entendu. De plus, elle n'avait pas d'autorité.
                                  Comme nous étions jeunes, pas trop agressifs, surtout les frl-
                                  les, nous avons commencé à nous instruire: l'a b c, nos chif-
                                  fres, un peu de catéchisme, etc. Si elle avait un peu de misère
                                  à se faire écouter, elle nous promettait des glands! En face
                                  de chez elle, il y avait un gros glantier avec de bons gros glands
                                  amers que nous aimions bien. C'était sa seule autorité.
                                  Cependant, nos parents étaient stricts sur la discipline. Nous
                                  obéissions plutôt pour faire plaisir à nos parents et surtout
                                  pour éviter leurs punitions.
                                     À six ans, j'ai commencé à m'éveiller aux choses de la vie
                                  et aux événements qui se produisaient autour de moi. Ça m'a
                                  pris du temps, car, étant gênée, je me faisais plutôt une vie
                                  intérieure! Déjà! C'est ainsi que j'ai souvenir de rencontres


                                                                96
   86   87   88   89   90   91   92   93   94   95   96