Page 14 - monseigneur
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et la maison. De l'autre côté, se trouvaient les bâtisses propres
                              aux besoins de la maison.
                                  Nous n'avions pas l'eau courante mais nous avions un bon
                              puits. Dans la cuisine, nous avions une pompe à bras pour
                              faire venir l'eau. Ce puits large et profond servait aussi de gla-
                              cière pour conserver le lait, le beurre et la viande. Ces pro-
                              duits étaient déposés dans des chaudières, descendus et
                              laissés en suspens dans l'eau du puits. Après le puits, il y
                              avait une remise qui servait pour tout: l'hiver, ma mère y
                              plaçait aussi ses beignes et ses tourtières pour les conserver.
                              Le hangar, attenant à la remise, servait aussi de débarras
                              pour toutes les choses qui devaient être à J'abri pour l'hiver;
                              il Yavait des carrés dans le haut pour placer le grain, l'avoine,
                              le sarrasin, etc., et, dans le bas, les braies (broyeuses) pour le
                              lin à filer.
                                 Attenante au hangar, se trouvait la remise à voitures, cel-
                              le du dimanche et les autres pour le travail: boghei, barouche,
                              charrettes à foin, carriole, sleigh d'hiver et un berlot. Ensui-
                              te, la «bécosse » (toilette extérieure: back house) avec deux
                              trous: un grand et un petit! Les bâtiments proprement dits
                              débutaient le long de la clôture du voisin, où flnissaitI'empla-
                              cement des Lagotte. C'était d'abord l'écurie (nous avions
                              deux chevaux et, parfois, un poulain), puis l'étable pour les
                              vaches et les veaux, ensuite la grange pour le foin et les deux
                              tasseries contenant le grain. Au bout, c'était une bergerie, car
                              nous gardions des moutons.
                                 Après la bergerie, à gauche du chemin, il y avait un petit
                              marais où il poussait toutes sortes d'herbes et où il y avait
                              des grenouilles et aussi des ouaouarons. Ces ouaouarons di-
                              saient «rong» et nous leur répondions: «T'as pris du
                              rhum! » Mes frères avaient capturé deux hiboux dans le
                              bois. Ils les avaient placés dans le haut de la bergerie, où nous
                              montions dans une échelle, dehors, pour aller les voir, car il
                              n'y avait qu'une petite porte. Mes frères les nourrissaient aux


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