Page 146 - monseigneur
P. 146
famille, et puis, Florentine n'étant pas riche aussi, nous allons
bien aller ensemble. »Il était heureux d'avoir pris sa revanche
et de les voir presque à ses pieds!
Je reviens au mois de janvier. Mes souvenirs sont confus,
puisque, avec ma nature, je J'ai vécu en rêve! Mon père avait
dit à Upton: «II va falloir que tu fasses ta demande en
mariage. » Il me semble qu'il a été content de s'exécuter. Des
défis, c'était dans son caractère d'y faire face! Il est arrivé
avec son oncle, sur son trente-six, et a dit à mon père: «Me
donnez-vous votre fille Florentine en mariage? », et cela,
devant toute la famille! Naturellement, après la réponse
favorable, ç'a été un éclat de rire général! Mais Upton était
fier de lui!
Comme il était chez nous tous les soirs, c'était difficile
pour moi de penser à autre chose! Nous veillions au milieu
de la famille, mais rapprochés tous les deux, naturellement, et
je n'irai pas plus loin sur les sujets que nous abordions! J'ai
été faire l'achat de mon manteau en seal (phoque), non en
lapin. Il était à la taille avec un petit péplum (prolongement),
c'était la mode. Je puis dire que les manteaux de fourrure
étaient rares dans ce temps-là. J'ai fait faire ma robe en soie
taffetas noire, longue bien entendu, toujours à la mode, à
Pierreville, chez une dame Lafrenière. J'ai aussi acheté mon
chapeau à Pierreville. Il avait une calotte entourée d'une
bande de satin et pai Ile et un grand bord. Il coûtait $18 et mon
manteau $25. Je ne suis certaine de rien, car je flottais plutôt
sur des nuages! Quand je dis que je suis allée faire ces achats,
ce n'est pas tout à fait la vérité, car c'est ma mère qui y pré-
sidait et elle était fière! Ma soeur m'a confectionné mes des-
sous, jaquettes de couleur en flanellette (c'était l'hiver), et les
autres vêtements aussi. Mais si j'essaie de me rappeler ces
jours-là, c'est comme un rêve. Il me semble que ça ne m'inté-
ressait pas. C'est comme si ç'avait été pour une autre!
151