Page 149 - monseigneur
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sionnaires de mon oncle et des amies pour nous. Nous avons
soupé là et nous avons pris le train à 8 heures et demie pour
notre voyage de noces aux États-Unis chez le frère aîné de
mon mari, Lorenzo. C'était une innovation! Des voyages de
noces, ça ne se faisait pas encore, dans ce temps-là.
Mes frères m'ont raconté qu'après notre départ de chez
nous, ils sont allés chercher une petite auge à cochons et ont
forcé ma soeur à danser dedans! C'était une habitude,
quand la cadette se mariait avant l'aînée. Ma soeur riait telle-
ment qu'elle ne pouvait pas se défendre. Ç'a été la noce pour
eux!
Nous avons passé la nuit assis sur un banc dans le train qui
nous emmenait aux États-Unis. Pas beaucoup de voyageurs,
et le conducteur avait un petit air curieux lorsqu'il passait
près de nous! Je ne sais s'il y avait des wagons-lits dans ces
trains, mais il n'en a pas été question. La première ville des
États-Unis que je me rappelle est Providence: une belle ville
toute blanche! Nous sommes arrivés à Concord, N.H., vers
les 7 heures du matin. Mon beau-frère Lorenzo était à la
gare et je crois que nous avons fait la route à pied jusqu'à
chez lui. Il n'avait pas encore d'auto et les petits chars (tram-
ways) ne passaient pas là non plus. Ce n'était pas loin et la
ville n'était pas bien grande.
Mon beau-frère avait une épicerie et il occupait tout le
haut de la maison. C'était grand et bien meublé. La connais-
sance faite avec ma belle-soeur, Malvina, une Canadienne
gentille, et les deux enfants, une petite fille de six ans (Léola)
et un petit garçon de quatre ans (Omer), nous avons déjeuné et
parlé du Canada.
Dans l'après-midi, ma belle-soeur m'a invitée à aller me
reposer et dormir dans sa chambre. Ce que j'ai accepté, et
mon mari est venu me rejoindre quelque temps après! Le
sacrement du mariage ne m'avait pas enlevé ma gêne; aussi,
cette première rencontre entre nous, je ne la décrirai pas!
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