Page 151 - monseigneur
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barbouillés de suie: la fournaise avait fait défaut et nous avait
                                  presque asphyxiés. Mais non! Nous avions dormi en dessous
                                  des couvertes (couvertures)!!!       Sans ça,    que   serait-il
                                     . '?
                                  arrive ....
                                      Nous avons donc repris notre aplomb, en refaisant con-
                                  naissance avec notre entourage et la vie aux États-Unis. Mon
                                  beau-frère Ulric (frère de Lorenzo et d'Upton) avait sa mai-
                                  son dans la rue en arrière de l'épicerie. Sa femme s'appelait
                                   Éméla. Ils avaient deux petites filles: Mabel et Yvonne. Ulric
                                  travaillait pour la compagnie de chemin de fer (Boston&Mai-
                                  ne), comme menuisier, je pense. Tous les jours, cette belle-
                                  soeur traversait la ruelle et venait chez Lorenzo. Ces belles-
                                  soeurs étant habituées à parler anglais, elles devaient faire
                                  des efforts pour ne pas m'oublier! La clientèle de Lorenzo
                                  étant composée de plusieurs Canadiens français émigrés, ils
                                  avaient bien conservé leur langue.
                                      Tous les soirs, nous sortions en groupe: mon beau-frère
                                  et sa femme, le frère de celle-ci marié avec une gentille fem-
                                  me canadienne, une soeur veuve, qui avait son ami canadien,
                                   un vieux garçon et un autre de ses frères plus jeune qui nous
                                  accompagnait tout le temps. Nous allions à pied dans la rue,
                                   pas d'autos et pas de tramways. Ce n'était pas gênant et nous
                                  étions invités chez les amis de Lorenzo. Celui-ci était
                                  généreux, populaire et pince-sans-rire. Un couple sans enfant
                                  nous avait même fait un réveillon. Les hommes me taqui-
                                  naient un peu et je n'ai jamais tant rougi de ma vie!
                                      Le plus jeune de mes oncles, Arthur Morvan, vieux gar-
                                  çon, demeurait à Suncook, où nous sommes allés le visiter.
                                   Il était bien installé et nous a très bien reçus. Avec lui, nous
                                  avons visité mes cousins, les Duguay, qui demeuraient à
                                  Woonsocket et qui vivaient bien. Un de mes cousins était nou-
                                  veau marié, lui aussi; Pit, qu'on l'appelait; il devait se nom-
                                  mer Pierre, et sa femme était une jolie grosse blonde. Puis
                                  nous sommes allés passer une journée à Boston. Nous avons


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