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SECTION SPÉCIALE : LES CONTES ET LÉGENDES DE L’ONTARIO FRANÇAIS
Un peu plus loin, il aperçut un autre gars qui courait d’un bord puis de l’autre. Il
courait tellement vite, que lorsqu’il était sur le point d’attraper un chevreuil, il le
dépassait très facilement. Ti-Jean s’écria, « Qu’est-ce que tu fais là? » « Aaah b’en,
j’ai rien à faire, ça fait que j’m’amuse à courir après les chevreuils. » Ti-Jean rétorqua,
« B’en si t’as rien à faire, tu pourrais travailler pour moé dans mon château. J’ai
besoin de serviteurs. » « Pas de trouble, j’embarque! »
Ti-Jean rencontra ensuite un gars qui tirait des flèches dans les airs. « Mais qu’est-
ce que tu fais là? », lui demanda-t-il. « Ah, j’ai rien à faire. J’m’amuse à tuer des
mouches. » « À tuer des mouches? » « Oui, regarde, tu vois cette mouche-là. » Il tira
en direction de la mouche et lui coupa une aile. Elle s’est mise à zigzaguer et tomba
par terre. « J’aime b’en ça tirer des flèches. Ça passe le temps. » « Ça s’adonne b’en!
Si t’as rien à faire, moé j’ai un château, p’is j’aimerais ça t’engager. » Sans hésiter, il
monta.
Encore un peu plus loin, il aperçut un gars avec la tête coincée dans un four à pain.
Les deux « pattes brassaient sur un bord, puis sur l’autre ». Ti-Jean s’arrêta et avec
ses gais lurons, ils se mirent à tirer sur ses jambes pour le sortir de là. Mais c’était
peine perdue, il ne faisait que crier, « Lâchez-moé, lâchez-moé ». Suite à quoi Ti-Jean
lui demanda, « Mais qu’est-ce que tu fais là? » « J’ai assez faim que je suis en train de
lécher le four. » « B’en si t’as si faim que ça, t’as rien qu’à monter avec moé. J’m’en
vais voir le Roi, j’suis certain que là-bas y va avoir de la nourriture en masse. »
Il monta aussitôt.
Enfin, Ti-Jean était rendu devant le château du roi. C’était un château… qui visitait
un autre château. C’était du jamais vu auparavant. Le roi était heureux, jusqu’à
ce que les portes s’ouvrent et qu’il aperçoive Ti-Jean en descendre. Le roi était
découragé de voir ce p’tit gars-là, prêt à marier sa fille, la princesse. Comme le dit si
bien Louis, « Ça te démanche une lignée royale pas pour rire, un p’tit gars comme
ça ». Mais le roi s’est souvenu que dans les contes, les défis à relever s’effectuent
toujours par multiples de trois. Par conséquent, il dit à Ti-Jean, « avant de marier ma
fille, tu auras deux autres défis à relever. Tu dois donc maintenant manger, en un
temps record, plus de tartes que la princesse. »
[À ce moment-ci, Louis le conteur susurre à l’oreille de l’auditoire, « Là je vois tout de suite
qu’il y a du monde qui se demande comment grosse est cette princesse-là pour pouvoir
manger autant de tartes que ça? Mais dans les contes, qu’elle soit grosse ou petite, une
princesse, c’est une princesse. »]
Ti-Jean se dit intérieurement, « Moi, je suis p’tit, p’is j’peux pas manger beaucoup
de tartes, mais je connais un gars qui a b’en faim ». Il demanda donc au gars affamé,
« Aye, tu prendrais-tu ma place? » « Pas de trouble. » Par conséquent, il s’installa à
la table, et dévora toutes les tartes qui tombaient sur la table, à une vitesse telle que
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