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SOUS LA DOMINATION FRANÇAISE                          69
      "avec le temps; il faudra même les élargir, les étendre, la vie débordera
      'ftout autour, elle rayonnera jusqu'aux extrémités du pays". (1)
           La paroisse allait devenir l'élément de cohésion de la race française
      en Amérique, la pierre angulaire de l'édifice nationale, la forteresse iné-
      branlable qui résistera à tous les assauts.





                                 CHAPITRE V~II


             UNE PÉRIODE DE PAIX ET DE TRANQUILLITÉ (1713-1754)

           La paix rétablie en Europe et en Amérique par le traité d'Utrecht, on
      pouvait espérer que la France s'occuperait enfin de peupler et d'asseoir
      sur des bases solides l'immense domaine qu'elle possédait dans l'Améri-
       que du Nord. Louis XIV allait descendre dans la tombe; les guerres
       continuelles qu'il a soutenues contre l'Europe coalisée, l'ont empêché
       de donner suite au beau mouvement de colonisation inauguré par Col-
      bert et Talon.   Si, vers la fin de son règne, il se montre d'une extrême
      parcimonie dans les secours qu'il envoie à sa lointaine colonie, du moins
      il ne la perd pas de vue, il s'y intéresse toujours.  Le régent, le cardinal
      Fleury,   Louis XV, vont s'en désintéresser complètement; "bien plus
      ils sont prêts à tout sacrifier au maintien de la bonne entente avec
      Londres" (2).
           Les gouverneurs qu'ils nous envoient: Vaudreuil (1711-1725), de
      Beauharnois, (1726-1747), de la Galissonnière (1747-1749), de la Jon-
      quière, (1749-1752), le marquis de Duquesne, (1752-1755), les intendants
      Bégon (1711-1725), Dupuy (1727-1728), Hocquart (1729-1748), sont
      des hommes d'une réelle valeur.     Les longs mémoires qu'ils adressent
      chaque année à la Cour dénotent des esprits clairvoyants, très au courant
      des ressources de la colonie et de ses besoins.
           Victimes de l'incurie et de l'imprévoyance de leurs supérieurs ils
      se dépenseront inutilement.   La colonie ne retirera pour ainsi dire aucun
      profit de leurs longs efforts qui seront employés en pure perte à renouer
      les anciennes amitiés avec les Indiens, à en contracter de nouvelles, (3)
      à établir des postes de traite, (4) afin de contrebalancer l'influence


           (I)-M. l'ab''é Aug. Gosselin, L'Eglise du Canada, Mgr de St-Vallier, p. 360.
           (2)-Salone, Colonisation de la Nouvelle-France, p. 335.
           (3)-"11 faut faire comprendre aux Sioux que tandis que les Anglais s'emparent de leurs terres
      et les repoussent dans l'intérieur, les Français, les laissent maîtres chez eux et s'occupent de leur conser-
      vation".  Le comte de Maurepas au Père du Parc, 24 mai, 1728.  A. C., Reg, Dép. Vol. 52. fol. 547~.
      "Il faut entretenir les sauvages dans l'idée que leur plus grand malheur serait que les Anglais devinssent
      supérieurs dans le pays".  Le comte de Maurepas à, M. de Beauharnois, 4 avril 1730. A. C. Rég. Dép.
      Vol. 54, fol. 425.         .
           (4)-Niagara en 1725, le fort St-Frédéric à, la Pointe à la Chevelure, à la tête du lac Champlain,
      la Présentation à l'endroit où se trouve aujourd'hui Ogdensburg, en 1749, Toronto, de la Presqu'île
      de la rivière aux Bœufs et Machault, au sud dulac.Erié, en 1753 enfin le fort Duquesne, dans la vallée
      de l'Ohio, en 1754.
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