Page 57 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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42             LA COLONISATION DANS QUEBEC

             des terres concédées avant l'année 1675 qui ne sont pas encore défri-
             chées et cultivées dès à présent, retranché aux propriétaires et posses-
             seurs d'icelles, (1).
                 Cependant, il faut reconnaître que plusieurs propriétaires de fiefs
             et seigneuries tout en étant traiteurs et fonct onnaires, ou militaires
             font preuve de bonne volonté.     Citons: Pierre de Sorel, seigneur de
             Sorel, le sieur de Boisbriant, à l'ile Ste-Thérèse, Paul Dupuis, à l'Ile-
             aux-Oies, Bécard de Grandville, à l'Ilet-au-Portage, Alexandre Ber-
             thier, seigneur de Berthier (en bas), Morel de la Durantaye, seigneur
             de Bellechasse et de la Durantaye, Marganne de la Valtrie, à la Val-
             trie, François Jarret de Verchères, à Verchères, enfin Roch de St-Ours,
             le plus brave de tous, mais en même temps le plus pauvre (2).
                 S'ils ne sont pas tous établis sur leurs domaines, si la pauvreté
             extrême les pousse à rechercher les emplois publics ou les profits du
             commerce des pelleteries, si les hasards de la guerre les entrainent au
             loin, ils ne négligent pas totalement la culture, ils cherchent à retirer
             un petit revenu de leurs seigneuries et à y établir des colons.
                 A côté d'eux, il y a des seigneurs qui sont en même temps de vérita-
             bles colons, qui tirent leur subsistance de la terre seule.  C'est Couil-
             lard de l'Espinay qui vit dans une belle aisance dans sa seigneurie de
             la Rivière-du-Sud (3);    c'est Jean-Baptiste Deschamps, sieur de la
             Bouteillerie, à la Rivière-Ouelle ; il recrute lui-même une bonne par-
             tie des colons de sa seigneurie (4).     C'est Charles Lemoine,     sei-
            gneur de Longueuil (5).      C'est le grand-père Boucher, seigneur de
             Boucherville et du Tremblay, (6) ennobli en 1661, qui laisse en mou-
             rant, en 1717, de beaux domaines à sa nombreuse famille (7).      Enfin,
             un seigneur d'un type à part celui-là, c'est François Berthelot; d'abord
             seigneur de l'Ile Jésus, à Montréal, il l'a échangée avec Mgr de Laval
             en 1675 pour l'Ile d'Orléans: vivant en France, il ne vint jamais visiter
            sa seigneurie.   Comte de Jouy, conseiller, secrétaire du roi, commis-
             saire général de l'artillerie, poudres et salpêtres, il a une belle fortune,


                 (I)-Idem. Vol. l, p. 234.
                 (2)-Je dois rendre compte à Monseigneur de l'extrême pauvreté de plusieurs familles qui sont
             à la mendicité et toutes nobles ou vivant comme telles: la famille de St-Ours est 11 la tête.  Il est bien
             gentilhomme de Dauphiné chargé d'une femme et de dix enfants, il n'y a que deux jours qu'il vint me
             faire un compliment pour avoir la permission de passer en France l'an prochain avec sa femme et ses
             enfants pour y chercher du pain et mettre ses enfants à servir de côté et d'autre chez ceux qui les vou-
             draient nourrir et pour lui d'essayer de se mettre dans les troupes.  Il se plaint de n'avoir pas de blé
             pour les deux tiers de l'année; le père et la mère me paraissent dans un véritable désespoir de leur
             pauvreté.  Cependant ses enfants ne s'épargnent pas, car j'ai vu deux grandes filles couper des blés et
             tenir la charrue.  (Denonville au marquis de Seignelay, 10 nov. 1686).  A.C.C.G., Vol. 8, fol. 129.
                 (3)-Voir "Hist. desseigncursdela Rivièredu Sud,etde leurs alliés". par l'abbé Azarie Couillard
             Després.
                 (4)-Voir" Une paroisse canadiénne au dix-septième siècle", par l'abbé Casgrain.
                 (5) Voir" Histoire de Longueuil", par Alex. Jodoin et .1. L. Vincent.
                 (6)-" Il y a la famille de Boucher qui mérite assurément de la distinction par son application
             et ses bons services, étant celle de toutes les familles où il y a eu la meilleure conduite et qui a le mieux
             travaillé aU bien de la colonie, n'ayant rien négligé de tout ce qui est nécessaire pour l'avancer; le père
             a été un des premiers fondateurs de cette colonie sous M. d'Avaugour et considéré de feu Mgr votre père
             (Colbert) et a été longtemps gouverneur des Trois-Rivières.  Sa seigneurie est une des plus belles de ce
             pays.  (Denonville au marquis de Seignelay, 10 nov. 1686.)  A.C.C.G., Vol. 8, fol. 129.
                 (7)-Voir "Hist. de Roucherville" Annuaire de Ville-Marie, Tom. I.
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