Page 60 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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SOUS LA DOMINATION FRANÇAISE                           45·

      ga der les habitations, pendant que Vaudreuil, à la tête de 800 'soldats
      réguliers et canadiens, et 300 sauvages (1) alla ravager le canton des
      Tsonnoutouans, et les obligea à signer la paix en 1688.
          Au lieu de marcher contre les autres cantons, Denonville revint à
      Québec, laissant le champ libre aux barbares qui se répandirent par
      petites bandes dans l'ile de Montréal et se jetèrent dans la nuit du 4 au
      5 d'août 1689 sur le village de Lachine, où ils massacrèrent 200 per-
      sonnes et amenèrent avec eux au-dessus de cent prisonniers.
          Il était temps que Frontenac revint.    D'autant plus que l'Angle-
      terre venait de déclarer la guerre à la France (17 mai 1689) et que la
      colonie allait bientôt se trouver aux prises non seulement avec les Iro-
      quois mais avec les colonies anglaises.  Le 12 octobre 1689, Frontenac
      débarquait à Québec pour prendre en mains une seconde fois le gouver-
      nement de la Nouvelle-France.
          La situation était critique.  Les colons anglais venaient d'entrer'
      dans la lutte contre la Nouvelle-France avec leurs alliés les Iroquois.
      Les Etats de la Nouvelle-Angleterre, ayant leur gouvernement pro-
      pre et jouissant d'une quasi indépendance avaient progressé d'une façon
     étonnante.   Déjà en 1690, ils comptaient une population de 250,000
     âmes tandis que la population française du Canada et de l'Acadie n'attei-
     gnait pas le nombre de 12,000 habitants, c'est-à-dire le vingtième
     environ de cette population anglaise contre laquelle elle allait batailler
      (2).
          Frontenac comprit que la lutte serait terrible; il résolut d'exécuter
     un plan hardi formé par le cabinet du roi, à l'instigation du chevalier
     de Callières; il s'agissait d'attaquer les Anglais par       mer et de
     s'emparer de N ew-York, pendant qu'il écraserait les Iroquois sur-
     terre.  Malheureusement les ressources lui manquèrent, il dut se conten-
     ter d'engager une guerre d'escarmouches consistant à envoyer chaque
     année des colonnes volantes qui ravagaient les établissements anglais
     et les bourgades iroquoises.
          Dans l'hiver de 1690, il organisa trois partis qui allèrent détruire
     les bourgs de Schenectady, Salmon Falls et Casco.     Les Anglais ripos-
     tèrent en envoyant Phipps s'emparer de Port-Royal (mai 1690), qui fut
     repris l'année suivante par Villebon; et en envoyant deux armées pour
     prendre Québec; celle de terre commandée par Winthrop rebroussa
     chemin; on sait comment la flotte de Phipps fut reçue à Québec.
          Les Iroquois n'en continuèrent pas moins leurs incursions; dans
     l'été de 1691, ils ravagèrent de nouveau la campagne de Montréal; battus
     à Repentigny et à Laprairie, ils se retirèrent après avoir tué plusieurs-
     personnes et anéanti les récoltes.  Pour se défendre contre les attaques de
     ces barbares, on avait élevé dans les campagnes des forts, espèces d'en-
     clos entourés de palissades munis de canons; ils renfermaient ordinaire-
     ment l'église et le manoir seigneurial.  A la première alerte, la popula-
     tion avoisinante courait s'y refugier.

          (l)-Garneau, Id. p. 323.
          (2)-Garneau. Id. p. 355.
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