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LA COLONISATION DANS QUEBEC

                                        CHAPITRE IV.
                                ARR~T DE LA COLONISATION (1673-1685).

                 Frontenac, homme de tête, actif, énergique, avait été nommé gou-
             verneur à la place de Courcelles.  Il débarqua à Québec en septembre
             1672.  Ses instructions lui prescrivaient de s'occuper avant tout de
             l'augmentation de la colonie, de pousser les habitants à la culture et au
             défrichement des terres (1).  Malheureusement Frontenac était plutôt
             soldat qu'administrateur.  "Il rêve", dit Salone, "d'une grande France
             qui atteigne dans l'intérieur des terres aux limites extrêmes du continent;
             il lance à sa conquête les explorateurs et les coureurs des bois.  Mais
             s'inquiète-t-il, si ce n'est qu'en passant, de la multiplication des familles,
             des progrès du défriéhement, du développement économique, 'sur le sol
             de cette petite France qui est déjà fondée aux bords du St-Laurent" (2).
                 Peu encturagée par le nouveau gouverneur, la colonisation l'est
             encore moins par le roi qui vient pourtant de supprimer la compagnie des
             Indes Occidentales pour prendre la Nouvelle-France sous sa protection
             immédiate.   Mais il est en guerre avec la Hollande, l'Espagne, l'Empire;
            le trésor est épuisé; aussi Colbert écrivant à Frontenac, le 13 juin 1673
             (3), l'avertit que "le roi ne pourra guère donner d'assistance au Canada
             cette année à cause des grandes et prodigieuses dépenses que Sa Majesté
             a été obligée de faire".  Le résultat c'est que l'immigration est presque
             arrêtée.
                 Heureusement que la fécondit.é de la race est toujours la même;
            d'après les tables dressées par l'abbé Tanguay (4), l'excédent des nais-
            sances sur les décès se chiffre annuellement, de 1670 à 1680, entre 300 et
            400 âmes.    En 1670 le roi avait accordé une pension de "trois cents
            livres aux habitants qui auraient dix enfants vivants, non prêtres, reli-
            gieux, ni religieuses" et quatre cents livres à ceux qui en auraient douze;
            deplus,il ordonnait qu'il fut payé à tous "lesgarçons qui se marieraient
            à vingt ans et au-dessous et aux filles à seize ans et au-dessous,vingt livres
            chacun au jour de leurs noces" (5).  Aussi l'on se marie très jeune et les
            familles de dix et douze enfants ne sont pas rares sur les rives du St-Lau-
            rent (6).
                 Malgré tout, le recensement de 1673, qui indique un total de 6,705
            âmes, cause une surprise au roi (7). De même en 1676, il écrit à Frontenac
            qu'''il ne peut se persuader qu'il n'y ait que 7,832 âmes en Canada, en
            ayant fait passer un grand nombre depuis quinze ans" (8).

                 (l)-Documents historiques.  Nouv.-France, Vol. I, p. 12.
                 (2)-La colonisation de la Nouv.-France, p. 227.
                 (3)-A.C. reg. des dép. Vol. 5, fol. 25.
                 (4)-A travers les régistres. p. 63.
                 (5)-Editset Ordonnaces, Vol. I, pp. 67 et 68.
                 (6)-Il Y a beaucoup de familles dans ce pays chargées de 10, 12, 13 et jusqu'à 14 et 15 enfants,
            qui mériteraient que le roi leur accordât quelque gratification, dont il me semble qu'il faudrait excepter
            celles qui envoient dans les bois au préjudice des défenses  de Sa Majesté.  Duchesneau à Colbert.
             10 novembre 1679.  A.C.C.G., Vol. 5, fol. 32.
                 (7)-Colbert il Frontenac, A.C. reg. des dép. 17 mai 1673.  Vol. 6. fol. 22.
                 (8)-A.C. rég. des dép. 16 avril 1676, Vol. 7. fol. 15.
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