Page 83 - La Généalogie retrouver ses ancêtres

-Y aura une maison de moins dans le paysage de Terre-Haute
cet hiver !
À peine avait-il lâché le dernier mot, qu'il vit le visage de sa
femme se contracter d'inquiétude. Avant qu'il eut le temps de se
ressaisir, elle lui demanda :

- C'est quelle famille, cette fois ?
-Je regrette, fit le mari penaud. Cette fois, il ne s'agit pas
d'une famille, mais de la maison de Hubert Plourde, dans le 4.
Quand il s'est installé à l'Anse-au-Sable l'an dernier, il n'avait pas
voulu la démolir. Une maison quasiment neuve. Il L'a vendue à
Lucien Leblanc du village des Deux-Ruisseaux. Ils ont commencé
le déménagement hier.
-Si je me rappelle bien, intervint Marie, c'était une grosse
maison. Le transport ne se fera pas facilement.

-Tas raison, ça sera pas facile. Ils ont failli tout renverser
dans la courbe au pied de la côte à pic, et il a fallu qu'ils minent
un des deux rochers prks du pont du misseau Vert. Et ils ne sont
pas encore rendus en-bas !

-Il était plus que temps ! On aura la neige restante avant
longtemps.

- L'entrepreneur était pris ailleurs.
Trois jours avant la Sainte-Catherine survint une abondante
bordée de neige. Les flocons drus s'étaient accumulés toute la
journée et une partie de la nuit, habillant chaudement les mamelons
des collines, cachant les dépouilles de l'automne, arrondissant les
formes anguleuses.
Les regards de Marie étaient sans cesse attirés vers la fenêtre,
comme si c'était son premier hiver. Elle découvrait de l'imprévu
dans les formes que l'élément blanc donnait aux choses. Les mode-
lages exécutés sur les tas de roches, sur les piles de bois, sur le
triangle noir des sapins, l'émerveillaient comme si ce fut un spectacle
nouveau. Elle était étonnée de l'influence de son état d'âme sur la
pcrception de l'environnement. Par moment, elle retournait dans le