Page 107 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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-Où,   le feu ? demanda-t-il.
                                        -Dans   ma  cabane.

                                        Désiré  est  un  pauvre  bougre  mal  partagé  au  point  de  vue  de
                                    l'esprit.  Il a refusé de suivre sa famille quand elle est aUée  s'installer
                                    dans un  village du  nord.  II  habite,  à  un  quart  de  mille  au  sud  de
                                    l'église,  une  baraque  qu'il  s'est  construite  de  planches  et  de  bar-
                                    deaux  glanés  ici  et  là  !iur  les  chantiers  de  démolition.  II  vit  de
                                    braconnage  et d'assistance  sociale.

                                        -Attends  un  peu, lui dit Louis-Philippe,  on va  t'aider.
                                        Puis, se tournant vers l'assistance.
                                        -C'est   un  être  hiimain,  un  malheureux.  Faut  s'occuper  de
                                    lui.  Qui veut venir  avec moi ?
                                        Plusieurs  se  levèrent  spontanément,  des  jeunes  et  des  vieux
                                    aussi.

                                        -Trois,  ça suffira, dit Louis-Philippe.  Probablement  qu'il  n'y
                                    a plus  rien  à  faire.  On pourra  au moins l'empêcher de se  jeter  dans
                                    les flammes.
                                         Quand  ils arrivèren.t à la cabane, la  fumée  sortait  par  l'unique
                                    fenêtre et par  les interstices du  toit.  C'était  trop risqué d'y  pénétrer
                                    et  n'y  avait  pas  d'eau  :aux  alentours.  Et  pour  sauver  quoi ?  Des
                                    nippes, un  vieux poêle, quelques meubles branlants.
                                        Désiré  ne  s'était  pas  fait  ce  raisonnement.  Aussi,  se  jeta-t-il
                                    hors  de  la  voiture  avant  même  qu'ellc  soit  complètement  arrêtée.
                                    En  criant, il  s'élança  dans le  taudis  en flamme.  Avant  que  Louis-
                                    Philippe et  ses compagnons  ne  soicnt revenus de leur  surprise,  il  en
                                    ressortait  les cheveux et la barbe  grésillés par le feu. les mains et le
                                    visage barbouillés de suie.  Sous sa  vareuse,  qu'il  tenait  fermée  avec
                                    ses mains,  on  distinguait une forme vague.
                                        Tenant  avec précaiition son trésor,  il  suivit les trois hommes  et
                                    monta  dans la  voiture.
                                        -Je   l'amène  chtz  nous,  dit  Louis-Philippe  en  mettant  la
                                    voiture en marche.  Je  le  ferai  se débarbouiller  et  ensuite  il  rkveil-
                                    lonnera.  Ça nous  donnera  le  temps  de penser  à  ce qu'il  faut faire.
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