Page 38 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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-  Maintenant, dit Arché, que tu sembles avoir vidé ton
                                    budget, ton sac, de tous les quolibets qu'une tête française,
                                    tête folle et sans cervelle, peut convenablement contenir,
                                    parle sérieusement, s'il est possible, et dis-moi pourquoi l'on
                                    appelle l'île d'Orléans, l'île aux Sorcie~.
                                      -  Mais, pour la plus simple des raisons, fit Jules d'Ha-
                                    berville: c'est qu'elle est peuplée d'un grand nombre de
                                    sorciers.
                                      -  Allons, voilà que tu recommences tes folies, dit de
                                    Locheill.
                                      -  Je suis très sérieux, reprit Jules. Ces Ecossais sont
                                    d'un orgueil insupportable. Ils ne veulent rien accorder aux
                                    autres nations. Crois-tu, mon cher, que vous devez avoir
                                    seuls le monopole des sorciers et des sorcières? Quelle pré-
                                    tention 1 Sache, mon très cher, que nous avons aussi nos
                                    sorciers, et qu'il y a à peine deux heures, il m'était facile,
                                    entre la Pointe-Lévis et Beaumont, de t'introduire à une
                                    sorcière très présentable (a). Sache, de plus, que tu verras,
                                    dans la seigneurie de mon très honoré père, une sorcière de
                                    première force. Voici la différence, mon garçon, c'est que
                                    vous les brûlez en Ecosse, et qu'ici nous les traitons avec tous
                                    les égards dus à leur haute position sociale. Demande plutôt
                                    à José, si je mens.
                                      José ne manqua pas de confirmer ces assertions: la sor-
                                    cière de Beaumont et celle de Saint-Jean-Port-Joli étaient
                                    bien, à ses yeux, de véritables et solides sorcières.
                                      -  Mais, dit Jules, pour parler sérieusement, puisque tu
                                    veux faire de moi un homme raisonnable nolens volens,
                                    comme disait mon maître de sixième, quand il m'administrait
                                    une décoction de férules, je crois que ce qui a donné cours
                                    à cette fable, c'est que les habitants du nord et du sud du
                                    fleuve, voyant les gens de l'île aller à leurs pêches avec des
                                    flambeaux pendant les nuits sombres, prenaient le plus sou-
                                    vent ces lumières pour des feux follets; or, tu sauras que
                                    nos Canadiens des campagnes considèrent les feux follets (b)
                                    comme des sorciers, ou génies malfaisants qui cherchent à
                                    attirer le pauvre monde dans des endroits dangereux, pour
                                    causer leur perte: aussi, suivant leurs traditions, les entend-
                                    on rire quand le malheureux voyageur ainsi trompé enfonce
                                    dans les marais. Ce qui aura donné lieu à cette croyance,
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