Page 43 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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                                          Et puis après, les sorciers continuèrent leur chanson infer-
                                        nale, en regardant mon défunt père et en le couchant en
                                        joue avec leurs grandes dents de rhinoféroce.
                                                    Ah 1viens donc, compèr' François,
                                                    Ah 1viens donc, tendre porquet 1
                                                    Dépêch'-toi, compèr' l'andouille,
                                                    Compèr' boudin, la citrouille;
                                                    Du Français, du Français,
                                                    J'en fr'ons un bon laloi (saloir) 1.
                                          - Tout ce que je peux vous dire pour le moment, mes
                                        mignons, leur cria mon défunt père, c'est que si vous ne
                                        mangez jamais d'autre lard que celui que je vous porterai,
                                        vous n'aurez pas besoin de dégraisser votre soupe.
                                          Les sorciers paraissaient cependant attendre quel~ue chose.
                                        car ils tournaient souvent la tête en arrière; mon defunt père
                                        regarde itou (aussi). Qu'est-ce qu'il aperçoit sur le coteau?
                                        un grand diable bâti comme les autres, mais aussi long que
                                        le clocher de Saint-Michel, que nous avons passé tout à
                                         l'heure. Au lieu de bonnet pointu, il portait un chapeau à
                                         trois cornes, surmonté d'une épinette en guise de plumet.
                                         n n'avait bin qu'un œil, le gredin qu'il était; mais ça en
                                         valait une dOl,lZ8ine: c'était, sans doute, le tambour major du
                                         régiment, car il tenait, d'une main, une marmite deux fois
                                         aussi grosse que nos chaudrons à sucre, qui tiennent vingt
                                         pilons; et. de l'autre, un battant de cloche qu'il avait volé.
                                         Je crois, le chien d'hérétique, à quelque église avant la céré-
                                         monie du baptême. n frappe un coup sur la marmite, et
                                         tous ces in.sécrables (exécrables) se mettent à rire, à sauter,
                                         à se trémousser. en branlant la tête du côté de mon défunt
                                         père, comme s'ils l'invitaient à venir se divertir avec eux.
                                           -  Vous attendrez longtemps, mes brebis, pensait à part
                                         lui mon défunt père, dont les dents claquaient dans la bouche
                                         comme un homme qui a les fièvres tremblantes, vous atten-
                                         drez longtemps, mes doux agneaux; il y a de la presse de
                                         quitter la terre du bon Dieu pour celle des sorciers 1

                                           1. Le lecteur taot soit peu sensible au charme de la poésie,
                                         Il'appréciera guère la chanson du défunt père à José, parodiée
                                         par les sorciers de l'ile d'Orléans; l'auteur leur en laisse toute
                                         la responsabilité.
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