Page 36 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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corps que sur ma main 1 Mais, après tout, ce n'est pas mon
affaire: les hommes, qui sont les maîtres, s'arrangeront tou-
jours bien pour vivre; mais les pauvres chevaux 1
José, grand maquignon, avait le cœur tendre pour ces
nobles quadrupèdes. S'adressant alors à Arché, il lui dit, en
soulevant le bord de son bonnet:
- Sous (sauf) le respect que je vous dois, monsieur, si les
nobles mêmes mangent l'avoine dans votre pays, faute de
mieux, je suppose, que deviennent les pauvres chevaux? ils
doivent bien pâtir, s'ils travaillent un peu fort.
Les deux jeunes gens éclatèrent de rire à cette sortie naïve
de José. Celui-ci, un peu déconcerté de cette hilarité à ses
dépens, reprit:
- Faites excuse, si j'ai dit une bêtise: on peut se tromper
sans boire, témoin M. Jules, qui vient de nous dire que les
habitants appellent le saut Montmorency c la Vache,,. parce
que son écume est blanche comme du lait; j'ai, moi, doutance
que c'est parce qu'il beugle comme une vache pendant cer-
tains vents: c'est ce que les anciens disent quand ils en
jasent 1.
- Ne te fâche pas, mon vieux, dit Jules, tu as probable-
ment raison. Ce qui nous faisait rire, c'est que tu aies pu
croire qu'il y a des chevaux en Ecosse: c'est un animal
inconnu dans ce pays-là.
- Point de chevaux, monsieur 1 comment fait donc le
pauvre monde pour voyager?
- Quand je dis point de chevaux, fit d'Haberville, il ne
faut pas prendre absolument la chose à la lettre. Il y a bien
un animal ressemblant à nos chevaux, animal un peu plus
haut que mon gros chien Niger, et qui vit dans les montagnes,
à l'état sauvage de nos caribous, auxquels il ressemble même
un peu. Quand un montagnard veut voyager, il braille de
la cornemuse; tout le village s'assemble, et il fait part de son
projet. On se répand alors dans les bois, c'est-à-dire dans les
bruyères; et, après une journée ou deux de peines et d'ef-
forts, on réussit, assez souvent, à s'emparer d'une de ces
1. li Ya deux versions sur cette question importante.
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