Page 250 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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Tous les convives étaient à table, après avoir attendu
inutilement Archibald de Locheill dont on ne pouvait expli-
quer l'absence, lui d'ordinaire si ponctuel en toute occasion.
- Eh bien! mes chers amis, dit M. d'Haberville au des-
sert, que pensez-vous des présages qui m'avaient tant attris-
té il Y a dix ans? Votre opinion d'abord, M. le curé, sur ces
avertissements mystérieux que le Ciel semblait m'envoyer?
- Je pense, répondit le curé, que tous les peuples ont eu
ou ont cru avoir leurs présages, dans les temps même les plus
reculés. Mais, sans chercher bien loin, dans des temps com-
parativement modernes, l'histoire romaine fourmille de pro-
diges et de présages. Les faits les plus insignifiants étaient
classés comme bons ou mauvais présages: les augures con-
sultaient le vol des oiseaux, les entrailles des victimes, que
sais-je? Aussi, prétend-on que deux de ces véridiques et saints
personnages ne pouvaient se regarder sans rire.
- Et vous en concluez? dit M. d'Haberville.
- J'en conclus, répliqua le curé, qu'il ne faut pas s'y
arrêter; qu'en supposant même qu'il plût au Ciel, dans cer-
taines circonstances exceptionnelles, de donner quelques signes
visibles de l'avenir, ce serait une misère de plus à ajouter
à celles déjà innombrables auxquelles la pauvre humanité
est exposée. L'homme, naturellement superstitieux, serait dans
un état conditionnel d'excitation fébrile insupportable, cent
fois pire que le malheur qu'il redouterait sans cesse.
- Eh bien! dit monsieur d'HaberviUe, qui, comme tant
d'autres ne consultait autrui que pour la forme, je crois, moi,
fort de mon expérience, qu'il faut y ajouter foi le plus sou-
vent. Toujours est-il que les présages ne m'ont jamais trompé.
Outre ceux dont vous avez été vous-mêmes témoins oculai-
res, je pourrais en citer encore un grand nombre d'autres.
Je commandais, il y a environ quinze ans, une expédition
contre les Iroquois, composée de Canadiens et de sauvages
hurons. Nous étions en marche, lorsque je ressentis tout à
coup une douleur à la cuisse, comme si un corps dur m'eût
frappé; la douleur fut assez vive pour m'arrêter un instant.
J'en fis part à mes guerriers indiens; ils se regardèrent d'un
air inquiet, consultèrent l'horizon, respirèrent l'air à pleine
poitrine, en se retournant de tous côtés, comme des chiens de
chasse en quête de gibier; puis, certains qu'il n'y avait pas
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