Page 249 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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nombreuses victimes; la terre avait été abreuvée à grands
flots de sang de ses vaillants défenseurs; le vent et la mer
avaient englouti un grand nombre d'officiers d'extraction
noble, que le sort des combats avait épargnés. Tous les élé-
ments destructeurs s'étaient gorgés du sang des malheureux
habitants de la Nouvelle-France. L'avenir était bien sombre
surtout pour les gentilshommes déjà ruinés par les dégâts
de l'ennemi; pour ceux qui, en déposant l'épée, leur der-
nière ressource, le dernier soutien de leurs familles, allaient
être exposés aux privations les plus cruelles; pour eux qui
voyaient dans l'avenir leurs descendants déclassés, végéter
sur la terre qu'avaient illustrée leurs vaillants aïeux.
la cité de Québec, qui semblait braver jadis, sur son
rocher, les foudres de l'artillerie et de l'escalade des plus
vaillantes cohortes, l'orgueilleuse cité de Québec, encore cou-
verte de décombres, se relevait à peine de ses ruines. Le
pavillon britannique flottait triomphant sur sa citadelle altiè-
re; et le Canadien qui, par habitude, élevait la vue jusqu'à
son sommet, croyant y trouver encore le pavillon fleurdelisé
de la vieille France, les reportait aussitôt avec tristesse vers
la terre, en répétant, le cœur gros de soupirs, ces paroles
touçhantes: c Nous reverrons pourtant nos bonnes gens! ,. 1
Il s'était passé depuis quelques années des événements
qui devaient certainement navrer le cœur des habitants de ce
beau pays, appelé naguère la Nouvelle-France.
Le lecteur retrouvera, sans doute avec plaisir, après tant
de c:ésastres, ses anciennes connaissances assistant à une petite
fête que donnait M. d'Haberville pour célébrer le retour de
son fils. Le bon gentilhomme même, quoique presque cente-
naire, avait répondu à l'appel. Le capitaine des Ecors, com-
pagnon d'armes de M. d'Haberville, brave officier ruiné
par la conquête; sa famille et quelques autres amis faisaient
auss.i partie de la réunion. Une petite succession, que Jules
avait recueillie en France d'un de ses parents péri dans le
naufrage de l'Auguste, en apportant plus d'aisance dans le
ménage, permettait à cette famille d'exercer une hospitalité
qui lui était interdite depuis longtemps.
1. L'auteur a entendu, pendant sa jeunesse, cinquante ans
mêr.le après la conquête, répéter ces touchantes paroles par les
vieiilards, et surtout par les vieilles femmes.
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