Page 245 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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                                         et bourrus vos Anglais; pas toujours, non plus, aisés à étriller,
                                         com~e notre guevalle Lubine, qui est parfois fantasque et
                                         de m~~hante ~umeur, quand on la frotte trop fort: témoin, la
                                         pn~mlere bataille des plaines d'Abraham.
                                           '- Ce sont donc les Anglais qui ont porté l'étrille? dit
                                         Ar~hé.
                                           .José se contenta de montrer son moignon de bras, autour
                                         duquel il avait entortillé la lanière de son fouet, faute de
                                         mi,~ux.
                                           Les deux voyageurs continuèrent leur route pendant quel-
                                         que temps en silence; mais José, s'apercevant que le som-
                                         meil gagnait son compagnon, lui cria:
                                           -- Eh! eh! capitaine, l'endormitoire vous prend; prenez
                                         garùe, vous allez, sauf respect, vous casser le nez. Je crois
                                         que vous auriez besoin d'une autre chanson pour vous tenir
                                         éveillé. Voulez-vous que je vous chante la complainte de Bi-
                                         ror, ? l
                                           -- Quel est ce Biron? dit de LocheiIl.
                                           -- Ah dame! mon oncle Raoul, qui est un savant, dit que
                                         c'élait un prince, un grand guerrier, le parent et l'ami du
                                         défunt roi Henri IV, auquel il avait rendu de grands services:
                                         ce qui n'empêcha pas qu'il le fit mourir, comme s'il eût été
                                         un rien de rien. Et sur ce que je m'apitoyais sur son sort,
                                         lui et M. d'Haberville me dirent qu'il avait été traître à son
                                         roi, et de ne jamais chanter cette complainte devant eux. Ça
                                         nù. paru drôle, tout de même, mais j'ai obéi.
                                           -- Je n'ai jamais entendu parler de cette complainte, dit
                                         An:hé, et comme je ne suis pas aussi sensible à l'endroit
                                         des rois de France que vos maîtres, faites-moi le plaisir de la
                                         chanter.
                                           José entonna alors d'une voix de tonnerre la complainte
                                         suivante:
                                                Le roi fut averti par un de ses gendarmes,
                                                D'un appelé LaFin, capitaine des gardes:
                                                Sire, donnez-vous de garde du cadet de Biron,
                                                Qui a fait entreprise de vous jouer trahison.

                                           1. Un ancien seigneur canadien, très chatouilleux à l'endroit
                                         des rois de France, blâmait mon père de me laisser chanter,
                                         quand j'étais enfant, la complainte de Biron.
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