Page 30 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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le mauvais got1t de ne pas apprécier. Voyons: tu dois être
                                    satisfait, sinon tu es déraisonnable 1 Car, vois-tu, je t'aime,
                                    Arché; aucun autre que toi n:obtiendrait une capitulation
                                    aussi avantageuse.
                                      De Locheill ne put s'empêcher de rire, en secouant un peu
                                    le gamin incorrigible. Ce fut après cette conversation que
                                    les deux enfants commencèrent à se lier d'amitié; Arché,
                                    d'abord avec la réserve d'un Ecossais; Jules, avec toute l'ar-
                                    deur d'une âme française.
                                      Quelque temps après cet entretien, environ un mois avant
                                    la vacance, qui avait alors lieu le quinze août, Jules prit le
                                    bras de son ami, et lui dit:
                                      - Viens dans ma chambre; j'ai reçu de mon père une lettre
                                    qui te concerne.
                                      - Qui me concerne, moi? dit l'autre tout étonné.
                                      - D'où vient ton étonnement? répartit d'Haberville; crois-
                                    tu que tu n'es pas un personnage assez important pour qu'on
                                    s'occupe de toi? On ne parle que du bel Ecossais dans toute
                                    la Nouvelle-France. Les mères, craignant que tu mettes bien
                                    vite en feu les cœurs de leurs jeunes filles, -  soit dit sans
                                    calembour, -  se proposent, dit-on, de présenter une requête
                                    au supérieur du collège pour que tu ne sortes dans les rues
                                    que couvert d'un voile, comme les femmes de l'Orient.
                                      - Trêves de folies, et laisse-moi continuer ma lecture.
                                      -  Mais je suis très sérieux, dit Jules. Et entraînant son
                                    ami, il lui communiqua un passage d'une lettre de son père,
                                   le capitaine d'HaberviIle, ainsi conçu:
                                      c Ce que tu m'écris de ton jeune ami, M. de Locheill,
                                    • m'intéresse vivement. C'est avec le plus grand plaisir que
                                    c j'octroie ta demande. Présente-lui mes civilités, et prie-le de
                                    • venir passer chez moi, non seulement les vacances prochai-
                                   • Des, mais toutes les autres, pendant le séjour qu'il fera au
                                   • collège. Si cette invitation, sans cérémonie, d'un homme
                                   • de mon âge, n'est pas suffisante, je lui écrirai plus formel-
                                   • lement. Son père repose sur un champ de bataille glorieu-
                                   • sement disputé; honneur à la tombe du vaillant soldat 1
                                   • Tous les guerriers sont frères; leurs enfants doivent l'être
                                    c aussi. Qu'il vienne sous mon toit, et nous le recevrons tous
                                    c à bras ouverts, comme l'enfant de la maison. »
                                      Arché était si ému de cette chaleureuse invitation, qu'il
                                    fut quelque temps sans répondre.
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