Page 113 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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rôle à jouer pendant un spectacle que tu n'as pas encore vu.
Dès que les jeunes gens eurent fait leur toilette, ils pas-
sèrent de leur chambre dans une de celles qui donnaient sur
la cour du manoir, où une scène des plus animées s'offrit
à leurs regards. Une centaine d'habitants disséminés çà et
là par petits groupes l'encombraient. Leurs longs fusils, leurs
cornes à poudre suspendues au cou, leurs casse-tête passés
dans la ceinture, la hache dont ils étaient armés, leur don-
naient plutôt l'apparence de gens qui se préparent à une
expédition guerrière, que celle de paisibles cultivateurs.
De Locheill, que ce spectacle nouveau amusait beaucoup,
voulut sortir pour se joindre aux groupes qui entouraient le
manoir, mais Jules s'y opposa en disant que c'était contre
l'étiquette; qu'ils étaient tous censés ignorer ce qui se passait
au dehors, où tout était mouvement et activité. Les uns, en
effet, étaient occupés à la toilette du mai, d'autres creusaient
la fosse profonde dans laquelle il devait être planté, tandis
que plusieurs aiguisaient de longs coins pour le consolider.
Ce mai était de la simplicité la plus primitive: c'était un
long sapin ébranché et dépouillé jusqu'à la partie de sa
cime, appelée le bouquet; ce bouquet ou touffe de branches,
d'environ trois pieds de longueur, toujours proportionné
néanmoins à la hauteur de l'arbre, avait un aspect très agéa-
ble tant qu'il conservait sa verdeur; mais desséché ensuite par
les grandes chaleurs de l'été, il n'offrait déjà plus en août
qu'un objet d'assez triste apparence. Un bâton peint en rou-
ge, de six piC(l; de longueur, couronné d'une girouette peinte
en vert, et (ornée d'une grosse boule de même couleur que
le bâton, se coulait dans les interstices des branches du bou-
quet, et, une fois cloué à l'arbre, complétait la toilette du
mai. Il est aussi nécessaire d'ajouter que de forts coins de
bois, enfoncés dans l'arbre de distance en distance, en faci-
litaient l'ascension, et servaient aussi de points d'appui aux
étamperches usitées pour élever le mai.
Un coup de fusil, tiré à la porte principale du manoir,
annonça que tout était prêt. A ce signal, la famille d'Haber-
ville s'empressa de se réunir dans le salon, afin de recevoir
la députation que cette détonation faisait attendre. Le sei-
gneur d'Haberville prit place sur un grand fauteuil; la sei-
gneuresse s'assit à sa droite, et son fils Jules à sa gauche.
Mon oncle Raoul, debout et appuyé sur son épée, se plaça
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