Page 114 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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en arrière du premier groupe, entre madame Louise de
                                     Beaumont et Blanche, assises sur de modestes chaises. Arché
                                     se tint debout à gauche de la jeune seigneuresse. lis étaient
                                     à peine placés, que deux vieillards, introduits par le major-
                                     dome José, s'avancèrent vers le seigneur d'Haherville, et, le
                                     saluant avec cette politesse gracieuse, naturelle aux anciens
                                    Canadiens, lui demandèrent la permission de planter un mai
                                     devant sa porte. Cette permission octroyée, les ambassadeurs
                                    se retirèrent et communiquèrent à la foule le succès de leur
                                    mission. Tout le monde alors s'agenouilla pour demander
                                    à Dieu de les préserver de tout accident pendant cette jour-
                                    née 1. Au bout d'un petit quart d'heure, le mai s'éleva avec
                                    une lenteur majestueuse au-dessus de la foule, pour dominer
                                    ensuite de sa tête verdoyante tous les édifices qui J'environ-
                                    naient. Quelques minutes suffirent pour le consol ider.
                                      Un second coup de feu annonça une nouvelle ambassade;
                                    les deux mêmes vieillards, avec leurs fusils au port d'arme,
                                    et accompagnés de deux des principaux habitants portant,
                                    l'un, sur une assiette de faïence, un petit gobelet d'une nuance
                                    verdâtre de deux pouces de hauteur, et l'autre, une bouteille
                                    d'eau-de-vie, se présentèrent, introduits par l'indispensable
                                    José, et prièrent M. d'Haberville de vouloir bien recevoir
                                    le mai qu'il avait eu la bonté d'accepter. Sur la réponse
                                    gracieusement affirmative de leur seigneur, un des vieillards
                                    ajouta:
                                      -  Plairait-il à notre seigneur d'arroser le mai avant de lb
                                    noircir?
                                      Et sur ce, il lui présenta un fusil d'une main, et de l'autre
                                    un verre d'eau-de-vie.
                                      -  Nous allons l'arroser ensemble, mes bons amis, dit
                                    M. d'Haberville en faisant signe à José, qui, se tenant à une
                                    distance respectueuse avec quatre verres sur un cabaret rem-
                                    plis de la même liqueur généreuse, s'empressa de la leur
                                    offrir. Le seigneur, se levant alors, trinqua avec les quatre

                                      1. Cette pieuse coutume des habitants de faire une prière avant
                                    de commencer un ouvrage qui peut les exposer à quelque dan-
                                    ger, tel que l'érection du comble d'un édifice, etc., existe encore
                                    ,le nos jours. C'est un spectacle imposant de les voir se découvrir,
                                    s'agenouiller, et d'entendre un vieillard réciter, à voix haute, des
                                    prières auxquelles les autres répondent.
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