Page 116 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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Cette table était couverte des mets, des vins et du café qui
composaient un déjeuner canadien de la première soc!été;
on y avait aussi ajouté, pour satisfaire le goût des convlv~s,
deux bouteilles d'excellente eau-ue-vic ct des galettes sucrees
en guise de pain 1.
Il n'y avait rien d'offensant pour les autres convives exclus
de cette table; ils étaient fiers, au contraire, des égards que
l'on avait pour leurs parents et amis plus âgés qu'eux.
La seconde table dans la chambre voisine, où trônait mon
oncle Raoul, était servie comme l'aurait été celle d'un riche
et ostentateur habitant en pareilles circonstances. Outre J'en-
combrement de viandes que le lecteur connaît déjà, chaque
convive avait près de son assiette la galette sucrée de ri-
gueur, un croquecignole, une tarte de cinq pouces de dia-
mètre, plus forte en pâte qu'en confiture, et de l'eau-de-vie
à discrétion. Il y avait bien sur la table quelques bouteilles
de vin auxquelles personne ne faisait attention: ça ne grat-
tait pas assez le gosier, suivant leur expression énergique. Ce
vin avait été mis plutôt pour les voisines et les autres femmes
occupées alors à servir, qui remplaceraient les hommes après
leur départ. Josephte prenait un verre ou deux de vin sans
se faire prier, mais après le petit coup d'appétit usité.
A la troisième table, dans la vaste cuisine, présidait Jules,
aidé de son ami Arché. Cette table à laquelle tous les jeunes
gens de la fête avaient pris place, était servie exactement
comme celle de mon oncle Raoul. Quoique la gaieté la plus
franche régnât aux deux premières tables, on y observait
néanmoins un certain décorum; mais, à celle du jeune sei-
gneur, surtout à la fin du repas, qui se prolongea tard dans
]a matinée, c'était un brouhaha à ne plus s'entendre parler.
Le lecteur se trompe fort s'il croit que le malheureux mai
jouissait d'un peu de repos après les assauts meurtriers qu'il
avait déjà reçus; les convives quittaient souvent les tables,
couraient décharger leurs fusils, et retournaient prendre leurs
places après cet acte de courtoisie.
1. JI fallait prier et supplier pour obtenir du pain à la table
d'u!, ric~ habitan,t, un jo~r de noces ou de festin: )a réponst:
ét8Jt touJours: MalS, mOIlSleur, la galette est pourtant meilleure
que Je pain.
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