Page 107 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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pas invités à la fête du mai; si bien que pas plus tard que la,l-
                                       née dernière des guerdins (gredins), qUI avaient été priés de
                                       rester chez eux, eurent l'audace de scier, pendant la nuit, le
                                       mai que les habitants de Sainte-Anne devaient présenter le
                                       lendemain au capitaine Besse. Jugez quel affront pour le
                                       pauvre monde, quand ils arrivèrent, le matin, de voir leur
                                       bel arbre bon tout au plus à faire du bois de poêle 1
                                         Jules ne put s'empêcher de rire aux éclats d'un tour qu'il
                                       appréciait beaucoup.
                                         -  Riez tant que vous voudrez, dit Tontaine, mais c'est
                                       pas toujours être chrétien que de faire de pareilles farces.
                                       Vous comprenez, ajouta-t-il d'un ton sérieux, que ce n'est
                                       pas qu'on craigne un tel affront pour notre bon seigneur;
                                       mais, comme il y a toujours des chétifs partout, nous avons
                                       pris nos précautions en cas d'averdingles (avanies).
                                         -  Je suis un pauvre homme, fit Alexis Dubé; mais je ne
                                       voudrais pas pour la valeur de ma terre, qu'une injure sem-
                                       blable fût faite à notre capitaine.
                                         Chacun parla dans le même sens; et Jules était déjà dans
                                       les bras de sa famille, que l'on continuait à pester contre les
                                       gredins, les chétifs imaginaires, qui auraient l'audace de muti-
                                       ler le mai de sapin qu'on se proposait d'offrir le lendemain
                                       au seigneur d'Haberv1lle. Il est à supposer que les libations
                                       et le réveillon pendant la veillée du mai, ainsi que l'ample
                                       déjeuner à la fourchette du lendemain, ne manquaient pas de
                                       stimuler le zèle dans cette circonstance.
                                         -  Viens, dit Jules à son ami après le souper: viens voir
                                       les apprêts qui se font pour le repas du matin des gens du
                                       mai. Comme ni toi, ni moi, n'avons eu l'avantage d'assister
                                       à ces fameuses noces du riche Garnache, qui réjouissaient
                                       tant le cœur de ce gourmand Sancho Pança, ça pourra, au
                                       besoin, nous en donner une idée.
                                         Tout était mouvement et confusion dans la cuisine où ils
                                       entrèrent d'abord: les voix rieuses et glapissantes des fem-
                                       mes se mêlaient à celles des six hommes de relai occupés
                                       à boire, à fumer et à les agacer. Trois servantes, armées
                                       chacune d'une poêle à frire, faisaient, ou, suivant l'expres-
                                       sion reçue, tournaient des crêpes au feu d'une immense
                                       cheminée, dont les flammes brillantes enluminaient à la Rem-
                                       brandt ces visages joyeux, dans toute l'étendue de cette vaste
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