Page 86 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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LES ANCIF.N"S CAJ.'\fADIENS 87
- Vous, monsieur, vous plairait-il d'abaisser vos regards vers
la terre, et de me dire cc que signifient toutes ces lun1ières qui
apparaissent simultanément sur la côte du nord, aussi loin que
la vue peut s'étendre? Ma fOi, je commence à croire à la
légende de notre ami José: le Canada est vraiment la terre des
lutins, des farfadets, des génies, dont ma nourrice berçair mon
enfance dans mes montagnes d'Ecosse.
- Ah! dit mon oncle Raoul, arrêtons-nous ici un instant:
ce sont les gens du NQ[d, qui, la veille de la Saint-Jean-Baptiste,
écrivent à leurs parents et amis de la côte du sud. Ils ne se
servent ni d'encre, ni de plume pour donner de leurs nouvelles_
Commençons par les Eboulements: onze décès de personnes
adultes dans cette paroisse depuis ['automne, dont trois dans
la même maison, chez mon ami Dufour: il faut que la picore,
ou quelque fièvre maligne, aient visité cette famille, car ce
sont des maîtres hommes que ces Dufour, et tous dans la force
de l'âge. Les Tremblay sont bien; j'en sui.~ charmé: ce sont de
braves gens. II y a de la maladie chez Bonneau: probablement
la grand'mère, car elle est très âgée. Un enfant mort chez
BéJair; c'était, je crois, le seul qu'ils eussent: c'était un jeune
ménage.
Mon oncle Raoul continua ainsi pendant quelque temps à
s'informer des nouvelles de ses amis des Eboulements, de l'île
aux Coudres et de la Petite-Rivière.
- Je comprends, dit de Locheill, sans pourtant en avoir la
clef, ce sont des signes convenus que se font les habitants des
deux rives du Beuve, pour se communiquer ce qui les intéresse
le plus.
- Oui, reprit mon oncle Raoul; et, si nous étions sur la côte
du nord, nOus verrions des signaux semblables sur la côte du
sud. Si le feu une fois allumé, ou que l'on alimente, brille
longtemps sanS s'éteindre, c'est bonne nouvelle; s'il brille en
amortissant, c'est signe de maladie; s'il s'éteint rout à coup. c'est
signe de mortalité. Autant de fois qu'il s'éteint subitement,