Page 137 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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                ques instants; puis, maîtrisant son émotion, il fit le récit que le
                lecteur connaît déjà par les chapitres précédents.
                   Arché entra dans les détails les plus minutieux; il raconta
                ses regrers d'avoir pris du service dans l'armée anglaise, lorsqu'il
                apprit que son régiment devait faire partie de l'expédition
                dirigée conrre le Canada; il parla de la haine héréditll.Ï.re des
                Montgomery contre les Cameron of Lochei11; il représenta le
                major acharné à sa perte, épiant toutes ses actions pour y réussit;
                il s'accusa de lâcheté de n'avoir pas sacrifié l'honneur même à la
                reconnaissance qu'il devait à la famille qui l'avait adopté dans
                son exil.  Il n'omit rien: il raconta la scène chez le vieillard de
                Sainte.Anne; son humanité en faisant prévenir d'avance les
                malheureuses familles canadiennes du son qui les menaçait;
                ses angoisses, son désespoir sur la cÔte de Pon.Joli, avant
                d'incendier le manoir seigneurial; ses prières inutiles pour
                fléchir son ennemi le plus cruel; ses imprécations, ses projets de
                vengeance contre Monrgomery à la fontaine du promontoire,
                après avoir accompli l'acte barbare de destruction; son désespoir
                à la vue des ruines fumantes qu'il avait faites; sa capture par
                les Abénaquis, ses réflexions amères, son retour à Dieu qu'il
                avait si grièvement offensé en se livrant à tous les mouvements
                de haine et de rage que le désespoir peut inspirer.  Il raconta
                la scène sur les plaines d'Abraham, ses angoisses dévorantes à
                la vue de Jules, qui pouvait avoir reçu des blessures mortelles;
                il n'omit rien, et n'ajouta rien à sa défense.  En mettant à nu
                les émotions cruelles de son ame, en peignant l'orage des
                passions qui avait grondé dans son sein pendant ces fatales
                 journées, de Locheill n'avair rien à ajouter pour sa justification
                devant un tel juge.  Quel plaidoyer pouvait être, en effet, plus
                éloquent que le récit fidèle de tout ce qui avait agiré son âme!
                Quel plaidoyer plus éloquent que le récit simple et sans fard
                des mouvements d'indignation qui toreurent une grande âme,
                obligée d'exécuter les ordres cruels d'un chef féroce, mort à
                tous sentiments d'humanité!  J)e Locheill, sans même s'en
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