Page 109 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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110                         LES ANOENS CANADIENS

               baptême.  Ceux qui ponaient des corbeilles de fleurs, des vases
               où brûlaient les parfums les plus exquis, sont ceux que leurs
               mères, résignées aux décrets de la Providence, ont offerts à Dieu,
               sinon avec joie, ce qui n'est pas naturel, du moins avec résigna-
               tion, en pensant qu'ils échangeaient une tetre de misère pour la
               céleste patrie, où, près du trône de leur créateur, ils chanteront
               ses louanges pendant toute une éternité.  Dans les petites
               coupes d'or et d'argent éraient les larmes que la nature, avare
               de ses droits, avait fait vetser aux mères qui, tout en faisant un
               cruel sacrifice, s'étaient écriées comme le saint homme Job:
               Mon Dieu, vous me l'avez donné; mon Dieu! vous me l'avez
               Ôté: que votre saint nom soit béni!
                 La pauvre mère, toujours agenouillée, buvait avec ses latmes
               chacune des paroles qui tombaient des lèvres du saint vieillard.
               Comme Marthe s'écriant aux pieds du Christ: «Si vous eussiez
               «été ici, Seigneur, mon frère ne serait pas mort; mais, je sais
               «que présentement même, Dieu vous accordera tout ce que
               « vous lui demanderez»; elle répétait dans sa foi ardente: -
               Si vous eussiez été près de moi, mon père, ma petite fille ne
               serait pas morte, mais je sais que, présentement même, Dieu
               vous accordera tout ce que vous lui demanderez.
                 Le bon religieux se recueillit un instant et pria Dieu de
               l'inspirer.  C'était alors une sentence de vie ou de mort qu'il
               allait prononcer sur cette mère qui paraissait inconsolable.  Il
               fallait frapper un grand coup, un coup qui la ramenât à des
               sentiments plus raisonnables, ou qui brisât à jamais ce cœur
               prêt à éclater.  Il prit les mains de la pauvre femme dans ses
               mains sèches et crispées par l'âge, les serra avec tendresse, et lui
               dit de sa voix la plus douce:
                 - Vous aimiez donc bien l'enfant que vous avez perdue?
                 -  Si je l'aimais, mon père! oh! mon Dieu! queUe question!
                 Et comme une insensée, elle se roula en gémissant aux pieds
               du vieillard.  Puis se relevant tout à coup, eHe saisit le bas de
               sa soutane, et lui cria d'une voix brisée par les sanglots:
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