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en résulte t'il  pour l'état  et pour la patrie, qu'une  incertitude qui jette l';il-
                                      larme et méme le découragement dans l'état et la nation.
                                          Tout cela se réduit à la prise de deux vaisseaux  dont l'honorable  et la
                                      ferme résistance a facilité au  surplus de notre  flote et de notre  armement
                                      les moyens de parvenir et de mouiller  à Lbuisbourg.
                                          Si cela est Monseigneur, notre  position  est bien  différente, nos  para-
                                      ges sont en sureté pour la partie essentielle qui est l'Isle Royale et I'Acca-
                                      die fraqçoise, qui sont les deux parties ou  les ang1oi.s ont porté  toutes leurs
                                      forces.
                                          Nos  nouveaux  établissemens  suhsistent  donc  encore  sous  le  fort  de
                                      Beauséjour  où, nous  avons  sur ces  rivières  (suivant  le  dernier  dénombre-
                                      ment  qui  m'en  a  été  envoyé)  2897  hahitans,  dont  746  portant  les  armes,
                                      vous le pouvés voir dans mes extraits, Monseigneur, ou je vous en ay  rentlii
                                      compte.
                                          Puisquq 1:Isle  St Jean  n'est  pas  prise, nous y  avons  3000. 5 i 600 ha-
                                      bitans qui commencent  a être bien établis et qui ne nianquent que d'un  fort
                                      et d'une garnison suffisante  poiir protéger et deffendre leur 1,sle de l'insulte
                                      de l'anglais. . . Ces 3000.  5 à  600 hahitans  fornient cinq  paroisses  c~tii ont
                                      chacune  un missionnaire  pour  les  desservir  a  en  encourager les lColon,s et
                                      cultivateurs à se mettre en  état de subsister par  eux-métiies.
                                          Il n'est  pas  douteux  que  ces  nouveaux  habitanis  seront  soutenus  et
                                      animés par le renfort de troupes de secours et de forces qui leur arrivent..
                                          D'ailleiirs  le plus  grand nomhre de  Sauvages qui  nous  sont alliés, les
                                      Canilias,  leri  &4benakis, les  hlarichiteç,  les  Mikmak,  et  le  plus  grand notn-
                                      bre de ceux  du continent,  à qui ces premiers  ont en\-oyé des Coliers et  dé-
                                      clarer la guerre à I'Anglois  se trouïeront également  animés, encouragés,  et
                                      soutenus par  les secours que la France leur porte.
                                          Peut être,  Monseigneur, que j'aime  à  me  flatter.  iiiais  j'aime  encore
                                      mieux tomber dans ce second excès que datiç Ic premier. d'ailleurs rien n'est
                                      plus  dangereux que de jetter  I'allarme  et I'inqiiiètude  dans le public,  ainsy
                                      pardonnés moy ma confiance et la bonne opinion que j'ay  de nas succès, je
                                      les remets de plus sous la protection de Dini ct j'espère  qii'il ne nous abban-
                                      donnera  pas.
                                          Je  view  de  recevoir  une  lettre  de  la  Rochelle,  dans le  moment  et de
                                      Monsieur  Ijabbadie  qui m'annonce  le  départ de nos  quatre Religieuses,  et
                                      d'un  Jésuite  qui  les  accompagne  sur  un  vaisseau  parti  le  19  du port  de
                                      Rochefort pour la  Nouvelle  Orléans, ce qui prouve  dans les  circonstan~ces
                                      présentes,  de  la  part  de ces  bonnes  et  saintes  filles, la  constance de leur
                                      courage, et la force et la certitude de leur vocation  Dieu veuille leur procu-
                                      rer une  heureuse traversée et permettre qu'elles  se  rendent  à leur  destina-
                                      tion
                                          Je suis avec respect
                                              Monseigneur,
                                                            Votre etc.
                                                                   L'ABBÉ DE L'ISLE DIEU, etc.
                                      Paris 30 Juillet  1755.
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