Page 34 - Transcriptions d'actes notariés - Tome 20 - 1682-1686
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de leur civjliaation, étaient eu général incapables d'adhérer adéquate-
ment à une uouvelle religion qui allait trop directemeut à l'encontre de
leur eulture traditicinnelle. hlg' de Laval et ses coutemporains ont done
exagéré les rnéfaito de l'eau-de-vie, lui attribuant da désordres et des
mécomptes dus en grande parlie à d'autres eausea. Notons eependant
qu'on n'avait pas, à l'époque, le bagage scientifiqne nécasaire pour
embrasser le problènie daus tonte son ampleur, et que leur interprétation
personnelle du problème de l'eau-de-vie et les exigencee de la Morale
eatholique faimient à Mgr de Laval et aux missionnaires une obligatiou
de ~'oppoeer à la traite.
Mais il reste qu'il était à peu pré6 impossible d'empêcher l'Indien
de revenir resque infailliblement à l'ivrognerie. Car B mwure que sa
culture M 5 étériorait an eoniact de la civili~ation occidentale et chré-
tienne, il avait davantage besoin de retrouver, dans I'i vressc, l'ambiance
de sa vie eultnrelle. Les Jndieus n'staieut pas sans saisir le caraetère
artificiel de eette reconstitution par l'ivresse de l'ambiance de leur kie
traditionneue. Aussi développèrent-ils contre l'eau-de-vie une agres~i-
vité ehronique, eomme d'ailleurs contre lrs Blancs et Ieur civilisation
en général. Mais ils n'étaient pas en mesnre de lutter contre une civili-
sation évoluée dont, par ailleute, ils ;taient chaqne jour plus incapables
de se passer. Ils vérifièrent ce principe reconnu en anthropologie qu'une
civilisation trop primitive, mise en contaet direct avec nne civilisation
évoluée, est presque irrémdia hlerncnt détruite.
André V.*CHOX, 1, ès L. {histoire),
dc.3 .4r<hiiçs de 10 Proi'ince.