Page 26 - Transcriptions d'actes notariés - Tome 20 - 1682-1686
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un mémoire au pape Innocent X, il donnait à craindre que, faute de
~rêtres et d'évêques, les missions du sud-est asiatique puesent are ant-
antiee, comme l'avait été récemment celIe du Japon.
r Nous avone donc, dieait-il. tout sujet de craindre qu'il n'arrive
à l'Eglise d'Annam ce qui est arrivé à celle du Japon ; car cm rois, tant
du Tonkin que de la Cochinchine, sont très pnissants et accoutumérr a
Ia guerre ; et cela d'autant plus que, dans l'Inde orientale, il n'y a
aucune puissance européenne qui ae puisse faire obéir de ces roia au
cas où ils voudraient ehswr les misaionnairem de leura Etats. i 2
Quelquee annécs plus tard, un autre miwionnaire dépeignait eii
termcfi analogues la situation de ces missions et Ies risques qu'elle coin-
portait : = Le bcsoin d'ouvriers était si grand daiis le Tonquin, qu'un
seul Jésuite avait sous sa conduile plus de quatre-vingt mille chretiens
épars en divers endroits du Royaume. L'éloignement fait qu'il cst dia-
cile d'en faire passer d'Europe, d'ailleurs on mt toujours en crainte de
quelque persécution, ce qui expoee ces Eglises à être bientôt dépourvu-
dc tous prêtres, parce que le premier effort de la tempcte tombe touj ouni
sur les prédicateurs, qui ttant étrangers & faciles à connaître, sont par
consiquent ehassés lei premiers. Il fallait done prévenir cei inconvé-
nient, en pourvoyant le Tonquin & les autr~ Royauines de bons évê-
ques, lesquels faisant des prêtres du païs, missent ces Eglises en état de
se soutenir d'elles-mêrnee.
Loin de répugner a cetle idée, la S. C. de la Propapnde, fondée
en 1622, n'avait eeraé de travailler dene le même sens. La supplique
du pkre de Rhodes nc la prenait donc pas au dépourvu. Elle voulut
faire de lui un des évcques qu'il demandait. Mais iI refuaa, fidèle à
l'esprit de la Compagnie de Jésus à l'égard des dipités ecclésiastiqiies.
Ordre lui lut alors donné de trouver des prhree séculiers qui coiisentis-
eent à devenir des évêques missionnaires. 11 parcourut en vain l'Italie,
le Piedmont et la Suisse catholique.
C'est ainsi qu'il aboutit I Paria, conduit par la Providence. 11 bin-
troduisit dans !a petite congrégation du père Bagot, et ses exhortations
enflaminées dkidérent tous Ies membres à e'offrir pour son œuvre d'évan-
gélisation. Ce fut comme un nouveau vent de Pentecôte au sein de ce
nouveau eknacle. Les plus en évjdenrx, les abbés Laval. Pallu et un
aulre iiommé Piequ~, qui devait décéder peu aprks, fureiit choisis, de
concert avec le nonce papal à Paris, et destiiiés à la dignité épiscopale,
dans les pays do Chine, du Tonkin et de la Cochinchine.
Les nkgociations, cependant. trainèrent en Ioiigneur. L Portugal
s'opposait à la nominatioii d'Evêques français en titre, pour ces pays
d'Extrême-Orient, sur lesquels il exerçait un droit de regard et de patro-
nage, en verku d'ancieiis induits pontificaux.
a Cité dans Lsunay, Histoire ginérde de la Société d~a Mirsions Eirungères, p. 8.
3 Relation du voyage dt tnonseiperrr i'évéque de Beryre vicaire npoatoliqiie dk
rcyaumr de Id Crichinchim .. . Par M. de Bowges, Prétre, Mujion~ire Apoa.
loliqrre. A Paris, hl. DC. =VI. in4, 8.122 pages. au= carte. Pages 6 et 7.